Par Pierre

16 juillet 2016

Pont Samuel Beckett à Dublin

Il est à présent temps de clore ce compte-rendu de voyage en Irlande en présentant les deux dernières villes que nous avons visitées : Galway et Dublin. Après des escapades dans des lieux (presque) sauvages dans les comtés de Clare et Galway, notamment les falaises de Moher et les îles d’Aran, ce troisième article présentera des destinations plus urbaines. Nous voici donc partis pour une traversée d’ouest en est de l’île d’Irlande, jusqu’à sa capitale.

Première partie : le comté de Clare et les falaises de Moher
Deuxième partie : les îles d’Aran et la baie de Galway

Carte de l'Irlande - Galway et Dublin
Galway et Dublin, nos destinations du 16 au 21 juin.

Jour 6 – Une journée à Galway

La matinée commence par une surprise assez désagréable : nous nous réveillons couverts de coups de soleil, sournoisement préparés par plusieurs jours d’exposition au soleil et à l’air marin. Si un jour on m’avait dit que je prendrais des coups de soleil en Irlande au printemps, j’aurais sans doute beaucoup ri. Mis devant le fait accompli, j’ai moins envie de rire, mais ce n’est évidemment pas suffisant pour gâcher notre voyage !

Une courte présentation de la ville

Galway (Gaillimh en irlandais) est la quatrième ville de la république d’Irlande de par sa population et la capitale au comté du même nom. Fief anglo-normand depuis le XIIIe siècle dans une région majoritairement gaélique, Galway est dominée par une oligarchie de quatorze familles marchandes catholiques jusqu’à la capitulation face à l’armée de Cromwell en 1652. Ces familles sont depuis connues sous le nom de tribus de Galway et font la fierté des Galviens. Durement touchée par la Grande Famine de 1845-1852, la ville ne retrouvera son influence qu’au XXe siècle.

Quatorze tribus de Galway
Les bannières des quatorze tribus, à Eyre Square.
Arche espagnole
La fameuse arche espagnole (Spanish Arch), l’une des dernières fortifications encore debout. Elle doit son nom au commerce avec l’Espagne.

De nos jours, Galway est particulièrement dynamique et semble très prisée par une population jeune, notamment les étudiants. J’ai également noté que les Français vouaient à la ville une certaine fascination, sans doute née de la proximité du Connemara. Sachez en tout cas qu’on y trouve beaucoup de restaurants français, au cas où notre gastronomie vous manquerait !

Boutiques du centre historique de Galway
Des façades colorées et un air festif donnent au centre-ville de Galway cet aspect qui plaît tant aux visiteurs.

Notre visite de Galway

Maintenant que le décor est planté, passons à ce que nous avons vu à Galway. Contrairement à la veille, le temps est plutôt mauvais, nous optons donc pour le Galway City Museum, qui a l’avantage d’être gratuit. Il a l’avantage de comporter une exposition sur le centenaire de l’insurrection de Pâques, événement ayant mené à l’indépendance de l’Irlande en 1922. C’est pour nous l’occasion de mieux connaître l’histoire du pays, ce qui est toujours appréciable en voyage : sans ces repères, on a tôt fait de passer à côté de références ou de mal comprendre ce qui se passe autour de nous.
Notre visite nous permet également de mieux connaître la ville et son architecture : pendant le Moyen Age et la Renaissance, les anciens bâtiments de bois furent progressivement remplacés par des édifices en pierre par peur des incendies. De nos jours, on en retrouve un certain nombre dans le centre historique, ils contribuent à donner à Galway son cachet de ville médiévale. Le bâtiment de ce style le plus célèbre est le Lynch’s Castle, qui appartenait jadis à la puissante famille éponyme et qui abrite désormais une banque.
Si vous souhaitez vous immerger dans le Galway de l’époque moderne, cette vidéo devrait vous intéresser.

Lynchs' Castle
La façade de Lynch’s Castle. Le terme « château » ne doit pas vous induire en erreur, il s’agit plutôt d’une maison de ville, emblématique du style architectural de Galway.

Nous prenons ensuite le temps de nous immerger dans l’ambiance très festive du centre historique, avec ses musiciens et ses banderoles qui ornent les rues. Seul ombre au tableau dans cette atmosphère charmante : comme tous les quartiers touristiques, la vieille ville n’échappe pas à un côté « parc d’attractions ». A trop vouloir mettre en avant ses traditions, on finit bien souvent par les figer et les caricaturer. Si on ajoute la traditionnelle panoplie McDonald’s / Burger King / Subway / Starbucks, on obtient ce cocktail qui rend les villes de plus en plus semblables et aseptisées. En tout cas, si vous souhaitez acquérir une bague de Claddagh, célèbre bijou représentant un cœur tenu par deux mains et coiffé d’une couronne, vous en trouverez pléthore à Galway.

Oscar Wilde et Eduard Vilde
Une statue qui a de quoi ravir les polyglottes : elle représente Oscar Wilde et l’écrivain estonien Eduard Vilde en train de converser au cours d’une rencontre imaginaire. L’original de la statue se trouve à Tartu, l’Estonie a fait don d’une copie à l’Irlande en 2004 pour célébrer son entrée dans l’Union européenne.

En dehors du centre-ville, j’ai bien aimé les îles du fleuve Corrib et leur système de canaux. Sur l’une d’entre elles se dresse la cathédrale Notre-Dame de Galway, construite entre 1958 et 1965. Son architecture est donc moderne et n’est apparemment pas du goût de tout le monde en Irlande ; pour ma part, j’ai apprécié l’intérieur de l’édifice, notamment les vitraux et le plafond en bois.

Nun's Island Theatre
Nun’s Island Theatre. L’Irlande a gardé une tradition théâtrale très forte et Galway ne fait pas exception.

Nous aurions aimé remonter le Corrib jusqu’au Lough Corrib comme nous l’avaient recommandé nos hôtes, mais le temps nous aura manqué pour cela. A ce propos, le Lough Corrib (ou Loch Coirib en irlandais), est le deuxième plus grand lac de l’île après le Lough Neagh en Irlande du Nord. Le mot irlandais loch ne vous est peut-être pas inconnu, car on le retrouve en gaélique écossais, comme dans le fameux « Loch Ness ».

Le Corrib à Galway
Beaucoup d’eau et de verdure à deux pas du centre-ville de Galway.

Plus au sud, le quartier de Claddagh, un ancien village de pêcheurs, offre une très jolie vue sur l’embouchure de la Corrib. Nous avons même la chance d’assister à la sortie d’un mariage à l’irlandaise !

Port de Galway
J’ai toujours eu une fascination pour les ports et les bateaux usés par la mer, j’ai donc été comblé par la baie de Galway dans son ensemble.

Si les rues résidentielles n’ont pas grand intérêt pour le visiteur, le South Park qui longe le rivage est quant à lui très agréable. Depuis le sud du parc, une chaussée permet d’accéder à une île nommée Mutton Island. Si des personnes s’y dirigent à vélo ou pour aller courir, nous nous abstenons car l’île abrite une station d’épuration et ne nous apparaît donc pas comme une destination de rêve.

Galway Hooker
La mouette la plus classe du monde. Le bateau représenté est un hooker, emblématique de la baie de Galway.

Soirée à Galway

Pour passer notre seconde nuit à Galway, notre choix s’est porté sur le Woodquay Hostel, situé près d’Eyre Square, la place principale de la ville. J’en profite d’ailleurs pour m’installer dans la salle commune écrire le contenu de ma newsletter du lendemain. Je n’ai encore ni la discipline ni le matériel pour faire l’intégralité de mon travail tout en voyageant, mais je compte bien y arriver un jour !
Une fois ces tâches accomplies, nous reprenons notre visite de Galway et prenons plus le temps d’explorer le centre historique.

Galway - free kitten
Parents, vous voilà prévenus !

Pour le repas du soir, notre choix se porte sur le Mc Donagh’s, véritable institution de Galway spécialisée dans le poisson. Le lieu se compose de deux restaurants, l’un gastronomique et l’autre qui sert des fish and chips. Notre budget de la soirée ne nous permettant pas trop d’écarts, nous jetons notre dévolu sur le fish and chips. Soit dit en passant, comme les Anglais, les Irlandais appellent les frites chips et non fries (terme américain). Le Mc Donagh’s a l’avantage de proposer un grand choix de poissons : j’ai testé le saumon, très frais, mais rien ne vous empêche d’opter pour la raie ou le merlan.
Notre voisin de table engage naturellement la conversation et nous finissons par nous interroger sur l’intérêt réciproque que se portent les Français et les Irlandais. Sa théorie : « C’est parce que nous sommes des Celtes. »

Nous passons le reste de la soirée à profiter de l’ambiance nocturne de Galway, qui vaut elle aussi le détour, la ville étant animée de jour comme de nuit. J’aurais bien voulu y passer plus de temps, mais la dernière destination de notre séjour nous attend.

Jour 7 – Arrivée à Dublin

Le matin, nous nous rendons à la gare routière de Galway, toute proche d’Eyre Square. Pour 13 €, les cars de la compagnie Citylink relient les deux villes en 2h30. Il est donc extrêmement pratique de passer de la côte est à la côte ouest de l’Irlande et vice versa.
Après ces 2h30 passées à rouler à travers champs, nous arrivons donc dans la capitale, plus précisément à Bachelors Walk, un quai au nord de la Liffey. Nous traversons ce fleuve qui coupe la ville en deux en empruntant le Ha’Penny Bridge, qui doit son nom au tarif qui était autrefois demandé pour le franchir : un halfpenny (demi-penny).

Proclamation de la République irlandaise
Voici le document que les Irlandais considèrent comme leur déclaration d’indépendance. Pour le centenaire de l’insurrection de Pâques, il est mis en évidence partout dans le pays.

Les quartiers sud

Notre B&B se trouve un peu loin, à l’extrémité sud de la ville, mais le bus n’étant pas donné, nous décidons d’y aller à pied. En plus, il ne pleut pas et nous avons fini par comprendre qu’en Irlande, chaque moment où il ne pleut pas est précieux, donc autant le passer à l’extérieur !
Nous faisons donc connaissance avec la plus grande métropole de l’île qui, sans être immense, tranche avec les villes plus petites que nous avons visitées jusqu’alors, Ennis et Galway. Outre sa taille, c’est surtout par son côté britannique que Dublin se distingue de ses sœurs de la côte ouest. Ayant été jusqu’à l’indépendance le siège du pouvoir royal, Dublin a donc été fortement influencée par l’Angleterre. Cet héritage se reflète dans l’architecture et plus particulièrement dans l’abondance de brique rouge.

Un peu plus tard, nous traversons le Grand Canal, qui marque la frontière sud de la ville, pour arriver à Rathmines, zone résidentielle apparemment très prisée des hipsters : j’ai rarement vu une telle concentration de barbes / tatouages / chemises à carreaux au mètre carré.
Après avoir sympathisé avec notre hôte et mangé un morceau, nous nous remettons en route, bien décidés à profiter des rues animées de Dublin. L’animation est d’ailleurs bien au rendez-vous ce jour-là (18 juin), puisque les Irlandais attendent avec impatience le début du match Irlande-Belgique. Le match se soldera par une défaite mais n’empêchera pas l’équipe irlandaise de progresser dans la compétition et leurs supporters de faire une forte impression en France.

En remontant vers la Liffey, nous tombons sur le fameux Temple Bar, connu pour être le lieu de fête par excellence de la ville. Pour ma part, je trouve l’endroit convivial mais trop touristique, d’autant plus qu’on trouve un peu plus au sud des pubs équivalents et moins fréquentés. Je suppose que le quartier est victime de son succès et de sa réputation de passage obligé dans absolument tous les guides touristiques et blogs de voyage.

Un peu plus à l’ouest, nous passons le portail du château de Dublin, à côté duquel se trouve d’ailleurs un restaurant français. Après avoir été pendant des siècles le siège du pouvoir britannique, le château ne joue plus de rôle politique et est à présent utilisé comme centre de conférences.

Château de Dublin
La Record Tower, unique survivance médiévale du château de Dublin, flanquée de la chapelle royale.

A proximité se trouvent les jardins de Dubhlinn. Ce terme désignant une étendue d’eau aujourd’hui disparue, dubh linn signifiant « étang noir » en irlandais, est à l’origine du nom anglais de la ville, Dublin. Le nom gaélique est d’ailleurs Baile Átha Cliath (« La ville du gué des haies de roseaux ») et fait référence à un village qui existait avant la colonisation viking.

Dubhlinn Garden
Le jardin de Dubhlinn, près du château

Nous passons ensuite devant Christ Church, l’une des deux cathédrales anglicanes de la ville, la seconde étant Saint-Patrick. A cause de la répression protestante contre le catholicisme, Dublin ne possède pas de véritable cathédrale catholique, tout au plus une pro-cathédrale construite au XIXe siècle.
Cette moitié de la ville renferme également de nombreux parcs ; ce jour-là, nous nous intéressons à Merrion Square, où l’on trouve notamment un monument aux soldats morts et une statue un peu kitsch d’Oscar Wilde.

Statue d'Oscar Wilde à Merrion Square
Oscar Wilde prend la pose à Merrion Square.

Après avoir longuement exploré les quartiers sud, nous nous installons dans un restaurant japonais pour le dîner. Ce n’est pas très irlandais, certes, mais ma copine commence à avoir besoin d’une pause au milieu de toute cette nourriture riche. Je reviendrai dans un instant sur les subtilités de la gastronomie locale.
Plus tard, nous remarquons avec étonnement que les soirées dublinoises peuvent se terminer assez tôt : si certains fêtards restent à leur poste jusqu’à une heure indue, beaucoup d’autres rentrent chez eux aux alentours de 22h30. Les rues se remplissent alors de taxis et même de rickshaws pour satisfaire la demande.
De manière générale, la circulation à Dublin est très dense et s’en plaindre est apparemment un sport populaire chez les habitants. Il n’est pas rare d’attendre longtemps à un passage piéton et il est préférable de vite traverser lorsque le feu passe au vert, car il repassera très vite à l’orange, puis au rouge.

Jour 8 – Visites pluvieuses et découverte des quartiers nord

Pas de chance : cette journée du 19 juin sera placée sous le sceau d’une pluie battante. Que voulez-vous, en Irlande, on n’est jamais à l’abri d’une bonne averse ! Si jamais vous ne supportez pas l’humidité, il ne vous reste plus qu’à vous fier à la maxime populaire : It never rains in the pub.

Nous commençons nos visites par St Stephen’s Green, plus grand parc du quartier géorgien de Dublin. Nous ne nous attardons pas à cause de la pluie, mais il deviendra par la suite notre endroit préféré pour manger à l’ombre des arbres.
Nous poursuivons avec la Chester Beatty Library, qui renferme l’impressionnante collection d’ouvrages de l’industriel américain Alfred Chester Beatty. Si vous aimez les livres anciens, ce musée est fait pour vous. L’accès est d’ailleurs gratuit, même si une donation est appréciée.

Comme nous venons de parler de livres, je pense qu’il est grand temps de faire un aparté sur les écrivains irlandais, qui occupent une place centrale dans l’histoire mais aussi dans la société contemporaine de ce pays.

L’Irlande, curieuse terre littéraire

Lorsque l’Irlande s’est construite comme une nation indépendante au XXe siècle, elle s’est retrouvée face au paradoxe suivant : tout en restant sous la domination du monde anglais pendant ses siècles, elle lui fournissait certains de ses auteurs les plus prestigieux.
L’Irlande a toujours eu une riche tradition littéraire, on pensera notamment à l’extraordinaire production de manuscrits enluminés dans les monastères à partir du VIe siècle. Bien que son origine irlandaise ne soit pas certaine, le fameux livre de Kells est à ce titre considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de ce qu’on appelle l’enluminure insulaire. Ajoutons à cela une tradition très vivaces d’épopées en langue irlandaise et nous obtenons un pays très fécond sur le plan littéraire.

Blooms Hotel
A Temple Bar, près de l’horrible bâtiment de la banque centrale, un hôtel psychédélique aux couleurs des différents personnages du roman Ulysse, de James Joyce.

Les Irlandais vouent un véritable culte à leurs auteurs et ne manquent jamais une occasion de leur rendre hommage, qu’il s’agisse de Jonathan Swift (Les Voyages de Gulliver), d’Oscar Wilde (Le Portrait de Dorian Gray), de W.B. Yeats (Crépuscule celtique), de James Joyce (Ulysse) ou encore de Samuel Beckett (En attendant Godot).
On peut même voir en Irlande une forme de tourisme littéraire, avec des musées, des événements et des expositions consacrés aux auteurs ou encore des librairies mettant en avant leurs œuvres les plus célèbres.
Néanmoins, ce rapport de l’Irlande à ses auteurs n’est pas sans paradoxes, plusieurs d’entre eux ayant passé une partie de leur vie en dehors de leur île natale.

Bram Stoker à Dublin
L’immeuble où vécut Bram Stoker, à Kildare Street. Rassurez-vous, nous n’avons pas croisé de vampires à Dublin.

Les quartiers nord de Dublin

L’après-midi, nous nous rendons dans la dernière auberge de jeunesse de notre séjour, située sur l’autre rive de la Liffey, près d’O’COnnell Street, vaste avenue sur laquelle se dresse le Monument of Light, plus connu sous le nom de Spire of Dublin.  Cette aiguille métallique de 120 mètres fournit un point de repère efficace pour qui veut se repérer au nord de la Liffey. Elle se dresse à l’emplacement du Nelson’s Pillar, dynamité en 1966 par un membre de l’IRA.

Après avoir posé nos affaires, nous explorons notre nouveau voisinage. Les quartiers situés sur la rive nord de la Liffey sont traditionnellement plus résidentiels et ouvriers que ceux de la rive sud. Ils sont donc moins touristiques et plus tranquilles.
En début de soirée, nous décidons néanmoins de franchir à nouveau la Liffey pour nous rendre dans un pub, The Hairy Lemon.

La nourriture en Irlande

Sachez qu’en Irlande, on mange tôt et les pubs cessent généralement de servir de la nourriture passé 21 h. Il est également possible de profiter des menus early bird, disponibles jusqu’à 19 h à un tarif intéressant. Le choix est évidemment plus restreint que pour un dîner classique, mais si vous n’avez pas de problème avec le fait de manger de bonne heure, cette option devrait vous convenir.

Au niveau de la gastronomie, le passé très rural de l’île a laissé des traces : vous y trouverez une cuisine simple et roborative à base de patates, de saucisses, de chou et de flageolets. Dans les pubs, vous aurez droit à des frites en accompagnement avec… à peu près tout. Ne vous étonnez donc pas si on vous apporte une tarte au fromage de chèvre avec des frites, c’est tout à fait normal. Plus étrange, le sachet de vinaigre toujours présent sur la table n’est pas là pour décorer ou pour assaisonner votre salade, mais bien pour les frites. Personnellement, je ne m’y suis pas risqué.

Le véritable intérêt de la cuisine irlandaise réside selon moi dans la grande qualité des produits proposés. Le bœuf est excellent, tout comme le poisson et les fruits de mer. Si vous avez un régime alimentaire particulier, sachez enfin que les magasins comme les restaurants proposent souvent des options sans viande, sans lactose ou encore sans gluten.

Gastronomie irlandaise
L’unique photo culinaire de ce voyage ! A gauche, des fruits de mer de la baie de Dublin, à droite, l’irish stew, fameux ragoût irlandais.

Abordons ensuite le cas des boissons. Vous vous en douterez, la Guinness est une véritable religion en Irlande et à peu près tous les pubs en servent. Personnellement, je ne suis pas un grand amateur de bière (oui, je sais, sacrilège), j’adopte plutôt le Bulmers, un cidre local.
Concernant le fameux Irish coffee, j’ai vu quelques touristes en commander, mais je n’ai pas l’impression que ce cocktail soit régulièrement consommé par les Irlandais eux-mêmes.

Une fois sortis du pub, nous faisons un grand détour avant de rentrer à notre auberge, l’occasion pour nous de voir la cathédrale Saint-Patrick.

Ha'penny Bridge
Le célèbre Ha’penny Bridge, que j’évoquais plus haut.

Jour 9 – La Bibliothèque nationale et le Trinity College

Ce jour-là, nous profitons du soleil enfin revenu pour déjeuner dans St Stephen’s Green. Pendant que nous mangeons, une mouette se prend visiblement d’intérêt pour nous et attend patiemment que nous fassions tomber de la nourriture, pour le grand plaisir des passants témoins de ce spectacle.

Nous projetons ensuite de visiter le Musée national d’Irlande… qui se révèle être fermé le lundi. Heureusement, à quelques pas se trouve la Bibliothèque nationale d’Irlande, qui propose une exposition temporaire consacrée au poète W.B. Yeats.
Plus tard, nous visitons le parc de Trinity College, la plus prestigieuse université d’Irlande. Nous aurions aimé voir le fameux Book of Kells, mais l’entrée est chère (11 € par personne) et la queue un peu longue à notre goût. Ce sera pour une prochaine fois ! Fondée sur le modèle d’Oxford et de Cambridge par la reine Elisabeth Ire, l’université dispose d’un campus à l’anglo-saxonne, avec ses jardins et ses bâtiments de pierre.

Bibliothèque de Trinity College
La bibliothèque de Trinity College, qui renferme le Livre de Kells.

Plus tard dans la journée, nous décidons de retourner explorer les quartiers nord. Nos déambulations nous amènent à Mountjoy Square, l’une des places dublinoises les plus emblématiques du style géorgien, avec ses portes colorées et ses lampadaires richement décorés.

Dernière trouvaille culinaire de ce compte-rendu, Green 19 à Camden Street, qui affiche des tarifs très intéressants et un excellent service. Pour peu, on en viendrait presque à regretter de devoir bientôt délaisser la nourriture irlandaise !

Le soir, nous nous aventurons plus à l’est sur la Liffey, en direction de la mer. Sur les quais se trouvent notamment un monument très lugubre commémorant la Grande Famine et une réplique du Jeanie Jonhston, voilier ayant transporté plusieurs milliers d’Irlandais jusqu’en Amérique, sans qu’un seul ne meure en route.

Jour 10 – Le Musée national et l’aéroport

Nous attaquons notre dernière journée en Irlande, forcément un peu déçus de devoir bientôt repartir. Conformément à notre projet de la veille, nous retournons au Musée national et plus précisément dans sa section archéologique, qui nous transporte à travers plusieurs millénaires d’histoire irlandaise. Certains objets présentés, comme la Broche de Tara ou la Croix de Cong, sont magnifiques et représentatifs du style unique qui a pu émerger en Irlande.

Quelques heures plus tard, nous sommes de retour à O’Connell Street pour prendre la navette qui nous emmène à l’aéroport. S’y rendre n’est pas très compliqué, dans la mesure où plusieurs compagnies de cars se disputent ce marché très concurrentiel. Le prix est de 6 € pour un aller simple.

Spire of Dublin
Le Spire of Dublin, vu d’O’Connell Street.

Une fois sur place et une fois les formalités expédiées, une longue marche nous attend car notre porte d’embarquement se trouve tout simplement à l’autre bout de l’aéroport. Lorsque nous montons dans l’avion, nous ne sommes pas en avance, loin de là : quelques minutes plus tard, nous aurions dû prolonger notre séjour en Irlande !

L’Irlande et ses langues

Je n’ai pas beaucoup abordé le sujet des langues dans ce dossier, j’en profite donc pour le faire maintenant.

Le statut de l’irlandais

L’Irlande possède deux langues officielles : l’irlandais et l’anglais, la première bénéficiant d’un statut de langue nationale. Dans les faits, l’anglais est largement dominant à l’échelle du pays. L’irlandais, ou gaélique irlandais, est une langue celtique du groupe gaélique et se rapproche donc de l’écossais et du mannois (parlé sur l’île de Man), il n’y a donc pas d’intercompréhension possible avec l’anglais, langue germanique. En 2007, l’irlandais a acquis le statut de langue officielle de l’Union européenne et reste la seule langue celtique à en bénéficier.

D’après mes observations, l’irlandais a un statut schizophrène en Irlande. D’un côté, il est omniprésent : la signalisation est bilingue partout dans le pays, son enseignement est obligatoire à l’école et il est théoriquement obligatoire de le maîtriser si on veut poursuivre une carrière dans la politique, le droit ou la police (appelée Garda en Irlande). De l’autre, il n’est réellement employé que par une minorité dans la vie de tous les jours, dans les régions appelées Gaeltachtaí : environ 70 000 Irlandais, soit 2 % de la population.
S’ils ne la parlent pas, beaucoup d’Irlandais regardent leur langue nationale avec bienveillance et considèrent que sa conservation est entre de bonnes mains. Il existe plusieurs chaînes de télévision et stations de radio en irlandais et des écoles spécialisées, les gaelscoileanna, délivrent leur enseignement dans les deux langues

L’anglais irlandais ou hiberno-anglais

Avant de partir, j’avais souvent entendu dire que les Irlandais parlaient un anglais notoirement difficile à comprendre. Il n’est apparemment pas rare que dans les rencontres internationales, par exemple à Bruxelles, les Irlandais soient frustrés de ne pas arriver à se faire comprendre par des personnes parlant un anglais d’aéroport (Globish), moins châtié que leur propre anglais natal !

L’anglais en Irlande : rappel des faits

L’anglais est arrivé en Irlande au XIIe siècle avec la colonisation de l’île par les Anglo-Normands. Au XVIe siècle, la conquête de l’Irlande par les Tudors accélère l’implantation de l’anglais, si bien que dès le XIXe siècle, l’irlandais perd son statut de langue dominante. De nos jours, les Irlandais parlent tous anglais, même ceux dont le gaélique est la langue maternelle.
Comme vous l’imaginez, l’anglais parlé en Irlande a été fortement influencé par l’irlandais, une langue qui, rappelons-le, est totalement différente. En résulte un mélange original, que je trouve très chantant et agréable à l’oreille.

L’anglais irlandais est-il pour autant difficile à comprendre ? Oui et non. Pour ma part, je n’ai eu aucune difficulté à me faire comprendre, mais il m’a fallu un temps d’adaptation pour bien assimiler tout ce qu’on me disait.
Pour vous donner un exemple d’excentricité propre à l’anglais d’Irlande, cette tendance à remplacer les t en fin de mots par une sorte de « sh ». Ainsi, lorsque, dans un pub, je me suis entendu dire « You’ve gosh to go to the restauransh to pay for ish », j’ai mis un moment à comprendre l’information.
De manière générale, cependant, cette variante de l’anglais ne doit pas vous rebuter, d’autant que les Irlandais sont généralement patients et veilleront à se faire comprendre, surtout dans les lieux touristiques. Comme ce sera sans doute la seule langue que vous entendrez, vous ne pourrez que progresser en anglais !

Pierre

Fondateur du Monde des Langues, j'aide les passionnés de langues à devenir plus autonomes et à atteindre leurs objectifs. J'ai eu l'occasion d'apprendre l'allemand, l'anglais, le finnois, l'italien et le japonais.

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  1. Un bien bel article qu’il faut que j’approndisse, avec des photos qui donnent envie de visiter l’Irlande, mais peux-tu me traduire le texte écrit sur l’ardoise et qui prévient les parents.
    A bientôt

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