Comme vous l’avez sans doute constaté si vous êtes abonné à la page Facebook du blog, je suis récemment parti dix jours en Irlande, une coupure bien méritée après plusieurs mois de dur labeur ! Comme je l’avais fait les années précédentes pour mon séjour à Rome et mon voyage en Autriche, j’ai jugé utile de me fendre d’une série d’articles qui vous permettront de profiter au mieux de ce pays. Je m’attarderai évidemment sur l’aspect linguistique, tant sur l’anglais local que sur le gaélique irlandais.
Deuxième partie : les îles d’Aran et la baie de Galway
Troisième partie : de Galway à Dublin
Les préparatifs du départ
Pourquoi partir en Irlande ?
J’ai toujours été intrigué par la place très spéciale qu’occupe l’Irlande dans le cœur des Français. Faites le test si vous en avez l’occasion : dites que vous partez en Allemagne et vous récolterez au mieux un demi-sourire ; dites que vous allez en Espagne et vous verrez un peu d’envie dans l’œil de votre interlocuteur ; dites que vous projetez un séjour en Irlande et vous assisterez à d’étranges épanchements, allant de la personne verte de jalousie avouant avoir toujours rêvé y aller, à celle qui a déjà fait le déplacement et en est ressortie transfigurée.
Bref, les Français entretiennent une grande irlandomanie, une vision idéalisée du pays qu’ils nomment « l’île d’émeraude ». J’admets n’avoir jamais partagé cette fascination, mais j’avais tout de même envie d’enquêter sur cette curieuse affaire. Pour y voir plus clair, quel meilleur moyen que d’aller directement sur le terrain pour voir de quoi il en retourne ?
Pour finir, ma copine souhaitait depuis longtemps partir en Irlande, notre destination du printemps était donc toute trouvée.
Quels endroits visiter ?
Lorsque je pars en voyage, je choisis les lieux que je visite à la fois par goût et par pragmatisme. Cela tombe plutôt bien, car Ryanair, la célèbre compagnie aérienne low cost irlandaise, dessert deux destinations depuis Paris-Beauvais, cet aéroport de l’Oise qui n’a guère de parisien que le nom.
Nous avions donc le choix entre Shannon et Dublin, soit entre l’ouest et l’est de l’île. C’est donc tout naturellement qu’est venue l’idée d’atterrir à Shannon puis de traverser le pays jusqu’à Dublin.
Le comté de Clare comme point de départ
Shannon est une ville nouvelle située dans le comté de Clare, à l’embouchure du fleuve du même nom, qui traverse tout le pays pour se jeter dans l’Océan Atlantique. Elle occupe une place centrale dans l’ouest irlandais et peut donc être le point de départ de nombreuses excursions, nous avions donc l’embarras du choix quant à notre destination.
Nous avons un temps hésité à faire un crochet par Limerick, troisième ville du pays, mais nous avons préféré passer directement par Ennis, un peu plus au nord, afin de gagner rapidement la côte puis les îles d’Aran.
Des déplacements en car et en bateau
J’ai une bonne nouvelle si vous souhaitez vous aussi traverser l’Irlande : le car est un moyen commode et peu coûteux d’aller de ville en ville. Préférez les compagnies Bus Éireann pour les trajets courts et Citylink pour les trajets plus longs. Si vous avez du temps devant vous et l’envie de découvrir des endroits plus sauvages, vous pouvez également louer une voiture, mais attention : comme en Angleterre, la conduite se fait à gauche !
Nous avons donc axé nos déplacements sur le car et le bateau, avec l’itinéraire suivant : aéroport de Shannon – Ennis – falaises de Moher avec une randonnée jusqu’à Doolin – îles d’Aran – Galway – Dublin. Si certains de ces noms ne vous disent rien, gageons qu’ils vous deviendront familiers à la lecture de cette série d’articles.
Bon à savoir
Avant votre départ, voici diverses informations qui pourront vous être utiles :
- Le pays étant membre de l’Union européenne, la carte d’identité française suffit pour s’y rendre. La monnaie est également l’euro.
- Il y a une heure de décalage horaire (UTC +0), pensez donc à régler votre montre !
- Les prises de courant irlandaises sont différentes des nôtres et équivalentes à celles qu’on trouve au Royaume-Uni. S’il est possible d’acheter un adaptateur sur place, la solution la plus économique reste de passer par Amazon en s’y prenant à l’avance, car les délais de livraison peuvent être très longs. Pour vous donner une idée, j’en ai commandé un dix jours avant de partir et je l’ai reçu… après mon retour.
- Les grandes villes regorgent de distributeurs automatiques, vous n’aurez donc aucun problème pour y retirer de l’argent. En revanche, dans les endroits plus reculés, même touristiques, les distributeurs sont beaucoup plus rares, pensez donc à vous procurer suffisamment de liquide avant de partir. De la même manière, les auberges de jeunesse n’acceptent pas toujours la carte bleue.
- Le coût de la vie est relativement élevé, ne vous attendez donc pas à réaliser les meilleures affaires de votre vie. Pensez à réserver l’hébergement à l’avance, surtout à Dublin, où les places en auberge de jeunesse partent vite.
- La communauté Couchsurfing est très active mais trouver un hôte n’est pas évident : nous avons réussi à le faire pour une nuit uniquement, à Galway.
Voyage en Irlande – première partie
Jour 1 – Aéroport de Shannon et arrivée à Ennis
Nous arrivons à l’aéroport de Shannon un dimanche en fin d’après-midi. Autant dire que le lieu n’est pas très animé, nous y restons juste le temps d’attendre le car qui nous emmène à Ennis. Je remarque d’emblée que presque toute la signalisation est bilingue, une norme qui prévaut dans tout le pays. Tout est fait pour que les citoyens puissent utiliser la langue irlandaise sans avoir recours à l’anglais.
Dans le car, nous nous reprenons nos habitudes de conduite à gauche, malgré l’impression constante et désagréable de rouler à contresens. La radio nous abreuve des plus grands tubes pop du début des années 2 000, de quoi nous remémorer la période du collège.
Nous arrivons vite à Ennis, où nous découvrons notre auberge de jeunesse, le Rowan Tree Hostel, qui se trouve au bord de la rivière Fergus. Cette localisation idéale offre l’occasion de se retrouver nez à nez avec des canards simplement en ouvrant la fenêtre.
Ennis, une petite ville centrale dans le comté de Clare
Par sa population (25 000 habitants), Ennis est la onzième ville d’Irlande. Il s’agit donc d’une petite bourgade dont on a vite fait le tour, mais qui séduit les voyageurs de par sa position centrale dans la région. Il est possible de rallier rapidement Limerick, le parc national du Burren ou, comme nous l’avons fait, les falaises de Moher. Le nom irlandais de la ville, Inis, signifie « île », un mot que vous verrez bientôt revenir.
Le soir, nous profitons de l’ambiance chaleureuse du centre-ville pour nous reposer du voyage autour d’une nourriture simple mais roborative. Ennis étant souvent présentée comme un haut lieu de la musique traditionnelle irlandaise, on y trouve une grande concentration de pubs proposant chaque semaine des concerts.
C’est d’ailleurs dans cette ville que j’établis mon premier contact avec cette institution nationale. Les pubs sont littéralement partout, parfois même collés les uns aux autres, mais ne désemplissent pas, quel que soit le jour de la semaine. Chacun attire d’ailleurs une clientèle très spécifique : on trouve ainsi le pub des jeunes, celui des personnes âgées… Chaque membre de la société a un endroit où se rendre à la fin de la journée.
Jour 2 – Visite d’Ennis
Rétrospectivement, je ne sais pas si passer un jour entier à Ennis était la meilleure chose à faire, dans la mesure où la ville ne regorge pas de choses à voir. Le monument le plus remarquable reste l’Ennis Friary, un monastère franciscain édifié en 1242 et facilement reconnaissable à sa tour carrée et hérissée de pointes.
Le tourisme généalogique, une richesse irlandaise ?
En jetant un œil au livre d’or du monastère, nous réalisons que nombre de touristes venus visiter le pays sont en fait des Américains d’origine irlandaise venus découvrir la terre de leurs ancêtres. Il ne faut pas perdre de vue que l’île a été frappée entre 1845 et 1852 par une terrible famine, qui a tué ou condamné à l’exil des millions de paysans. Les Irlandais se perçoivent donc comme une diaspora ayant survécu à une catastrophe, comme les Arméniens ou les Juifs.
Ne vous étonnez donc pas si vous voyez la généalogie mentionnée sur les sites touristiques ou encore des souvenirs du type « découvrez l’origine de votre nom irlandais », tout cela s’adresse aux descendants de cette diaspora.
Pour l’anecdote, sachez que l’arrière-grand-père de Mohamed Ali, Abe Grady, était un natif d’Ennis. Le boxeur a fait une visite très médiatisée dans la ville en 2009, qui a érigé un monument en son honneur.
Jour 3 – Les falaises de Moher et Doolin
Le lendemain matin, nous quittons notre auberge et retournons à la gare routière d’Ennis pour prendre le car qui nous emmènera aux falaises de Moher. J’en profite pour vous l’annoncer : les cars irlandais proposent le wi-fi à bord, ce qui est extrêmement pratique si comme moi vous travaillez tout en voyageant.
Notre traversée nous emmène de village en village, jusqu’à voir poindre l’océan à l’horizon. Après environ cinquante minutes de trajet, nous arrivons au centre des visiteurs des falaises de Moher.
Les falaises de Moher, site naturel le plus visité d’Irlande
Le premier choc lorsqu’on arrive en vue des falaises est sans doute la concentration de touristes autour du centre des visiteurs, sorte de casemate enfouie dans une colline pour ne pas dénaturer le paysage. L’Irlande étant un pays rural et peu peuplé, il est rare de voir un endroit bondé en dehors des grandes villes.
Les visiteurs se contentent en majorité d’une petite partie des falaises, la plus élevée et la plus spectaculaire, avant de retourner prendre un car. De notre côté, nous voulions absolument longer la côte jusqu’au village de Doolin, situé quelques kilomètres plus au nord.
Nous commençons par marcher vers le sud pour profiter un peu du paysage. Nous apercevons l’extrémité des falaises, une formation rocheuse surnommé Hag’s Head (« tête de sorcière ») et surmontée d’une tour en ruine, la Moher Tower. Nous reprenons ensuite notre route en direction du nord, pour une randonnée qui occupera les prochaines heures.
J’avoue avoir eu quelques appréhensions avant de me rendre aux falaises de Moher. Je suis toujours un peu méfiant vis-à-vis des sites que tout le monde encense, car on a vite fait de se créer des attentes démesurées, avec une potentielle déception à l’arrivée. D’un autre côté, j’avais très envie de découvrir ce lieu si renommé, où certaines scènes de plusieurs films célèbres ont d’ailleurs été tournées, comme Princess Bride.
Une fois sur place, force est de constater que les falaises n’ont pas usurpé leur réputation : s’élevant en pente raide à plus de 200 mètres au-dessus du niveau de l’océan, elles offrent une vue imprenable sur les régions alentour : il est possible de voir les îles d’Aran et même la baie de Galway.
En longeant les falaises le long d’un petit sentier, nous nous rendons peu à peu compte que nous sommes sortis par mégarde de la piste de randonnée. Lorsque brusquement le chemin s’arrête sur un trou d’environ cinquante centimètres, avec d’un côté le vide, de l’autre, des barbelés, nous nous disons que nous avons peut-être fait fausse route. Peu désireux de tenter un saut par-dessus un précipice, aussi petit soit-il, nous passons sous les barbelés pour traverser un pâturage. Nous retournons de l’autre côté dès que le chemin s’élargit de nouveau, n’ayant pas spécialement envie de tomber nez à nez avec un taureau.
La fin du trajet, si elle se fait sur des falaises moins hautes, n’en est pas moins intéressante, car les rivages offrent eux aussi un paysage très intéressant, avec des formations rocheuses érodées par la mer. Le château de Doonagore, tour du XVIe siècle aujourd’hui détenue par un Américain, marque l’entrée de Doolin.
Doolin, le village où nos plans sont tombés à l’eau
Après plusieurs heures de marche et plusieurs kilomètres parcourus, nous arrivons enfin dans le petit village de Doolin, depuis lequel nous comptons gagner les îles d’Aran. Nous passons un peu de temps dans le centre du village, avant de gagner le port, qui est un peu excentré.
Nous nous enregistrons auprès de la compagnie Doolin2Aran Ferries pour prendre le dernier bateau de la journée en direction d’Inis Oírr, la plus orientale des îles d’Aran. Nous faisons connaissance avec John, employé très sympathique qui nous donne rendez-vous un peu plus tard et nous promet de nous mener directement à notre ferry. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu…
Lorsque nous revenons au port à l’heure indiquée, nous retrouvons un John très occupé qui nous demande de patienter un instant, nous promettant de nous indiquer très bientôt notre ferry.
L’heure tourne et nous voyons deux bateaux arriver et l’un d’entre eux repartir et nous commençons à nous interroger, surtout ma copine, que j’aurais dû plus écouter pour le coup ! Voyant revenir John, je lui demande de m’assurer que ce retard est normal, il me regarde avec de grands yeux et me demande « Quoi ? Vous n’êtes pas sur le ferry ? »
On dit qu’il y a un début à tout et pour la première fois, nous venons de manquer un bateau, le dernier de la journée qui plus est. Il vous est déjà arrivé de vous sentir comme un touriste un peu idiot, qui n’a pas compris une règle évidente pour tout le monde sauf pour vous ? C’est justement notre cas lorsque nous voyons le ferry s’éloigner et que John, après avoir passé un coup de fil au capitaine, confirme que le bateau ne peut pas faire marche arrière pour venir nous chercher, la mère étant trop mauvaise. Nous voici donc coincés à Doolin pour la nuit alors que nous n’avons aucun hébergement et surtout une chambre d’hôte déjà payée qui nous attend sur l’île.
Vous voulez savoir comment nous nous sommes tirés de ce mauvais pas ? La suite de nos aventures vous attend dans la prochaine partie de ce dossier sur l’Irlande !