Aujourd’hui, Pierre du blog Holamigo nous convie pour la quatrième édition du carnaval d’articles « Des blogs et des langues ». Pour cette édition de septembre, le sujet est le suivant : « Comment vaincre sa peur de parler ? ». Les thématiques de timidité et de confiance en soi sont au cœur de la pratique des langues, voici donc mes douze conseils pour surmonter vos angoisses à l’oral et vous exprimer plus librement.
La peur de parler, problème n°1 de l’apprentissage des langues ?
Si je devais nommer un problème qui revient sans arrêt et qui paralyse nombre d’apprenants, c’est bien celui du manque de confiance en soi. Rien d’anormal à cela : le simple fait de s’exprimer dans une langue étrangère peut être déstabilisant, voire un peu effrayant.
Même si vous n’avez pas de difficulté particulière à vous exprimer dans votre langue maternelle, le faire dans une autre ébranle tous vos acquis. Vous bataillez pour chercher vos mots, doutez de votre prononciation et n’êtes pas bien sûr que vos phrases aient vraiment du sens.
Le décalage entre la théorie et la réalité du terrain
Lorsque vous vous trouvez devant vos manuels, tout va bien : vous êtes dans un environnement sûr, sous contrôle. A l’inverse, si vous passez commande dans un bar bondé d’un pays étranger, face à un serveur peu commode et avec d’autres clients impatients qui trépignent d’impatience derrière vous, il est difficile de garder contenance.
Et ne parlons même pas de la croyance, fortement ancrée, dans la « nullité en langues ». Difficile de parler avec audace si, à la base, vous pensez en être incapable.
Dans les paragraphes suivants, vous trouverez donc douze conseils concrets, tout d’abord pour prendre confiance en vous, puis pour gagner en aisance à l’oral.
Vaincre votre peur de parler : mes douze conseils essentiels
1. Relativisez les enjeux : la perfection n’est pas (encore) à votre portée
Ce qui me frappe chez la majorité des apprenants, c’est à quel point ils placent haut la barre de leurs attentes. Vouloir être rigoureux et bien parler est une chose, le faire de manière parfaite en est une autre.
Si, pour vous, parler une langue signifie la maîtriser parfaitement, sans la moindre faute de grammaire ni maladresse de prononciation, rien d’étonnant à ce que vous soyez terrifié à l’idée d’ouvrir la bouche.
Prenons un peu de recul : avez-vous déjà vu un étranger apprenant le français ? Si oui, vous avez sans doute relevé quelques erreurs de sa part, surtout s’il est débutant. Et pourtant, vous ne le trouvez ni ridicule, ni indigne de parler votre langue. Dites-vous simplement que les locuteurs de votre langue cible auront bien souvent la même bienveillance à votre égard.
Donc acceptez de faire des fautes et de recevoir des corrections de la part des natifs. Vous aurez tout le temps de vous améliorer pas à pas.
2. Intégrez cette réflexion dans votre apprentissage
Prendre la parole dans une langue étrangère vous effraie ? Pas de problème, même les personnes les plus à l’aise socialement ressentent parfois cette anxiété. Vous vous trouvez donc dans une situation tout ce qu’il y a de plus normale.
En revanche, la pire erreur que vous puissiez faire serait d’éluder le problème et de le laisser courir indéfiniment. En évitant de vous confronter à votre peur de parler, vous ne ferez qu’empoisonner votre apprentissage et retarder vos progrès.
Donc admettez que vous avez une difficulté (qui n’est ni grave, ni honteuse), puis travaillez à sa résolution, grâce aux autres conseils donnés dans cet article.
3. Préparez-vous en amont et parlez dès que possible
Autre erreur fréquente chez les débutants : s’astreindre à une longue phase silencieuse avant de commencer à s’exprimer. Problème : si vous ne vous entraînez pas régulièrement à parler une langue, il n’y aura pas un moment magique à partir duquel vous vous exprimerez naturellement.
On rejoint ici le point précédent. Acceptez d’être imparfait et pratiquez tous les aspects de votre langue cible à l’oral : phonétique, répétition, conversation avec des locuteurs natifs… Exercez-vous régulièrement, à la fois seul et avec des partenaires linguistiques.
Pour travailler votre oral, voici deux exercices pour améliorer votre prononciation.
4. Travaillez la phonétique
Maîtriser les subtilités de la prononciation n’est pas forcément l’objectif le plus enthousiasmant, je vous l’accorde. Cependant, si vous voulez être compris à tous les coups, vous devez faire preuve de rigueur dans votre apprentissage.
Je vous invite donc à vous intéresser à la phonétique et à identifier les sons de votre langue cible qui n’existent pas en français. Apprenez à les prononcer, en vous aidant par exemple d’un site comme ipachart.com, puis demandez à des locuteurs natifs si vous le faites correctement.
C’est en vous astreignant à ce travail un peu laborieux que vous obtiendrez une prononciation précise, sur laquelle vous pourrez compter même dans les situations les plus stressantes.
5. Inutile de vous jeter à l’eau : allez-y pas à pas
Comme toute compétence, l’aisance se travaille progressivement. N’allez pas prendre la parole dans une langue étrangère devant une foule si vous avez peur de le faire devant une seule personne. Ne grillez pas les étapes, sinon la peur de parler vous rattrapera très vite.
Pour prendre confiance en vous, allez-y pas à pas. Commencez à parler avec des personnes de confiance puis, peu à peu, commencez à converser avec de parfaits inconnus. De cette manière, vous n’aurez jamais (ou alors, rarement) l’impression de devoir vous faire violence.
6. Pratiquez la conversation aussi souvent que possible
Je sais, je n’arrête pas de vous casser les pieds avec la conversation. Croyez-moi, ce n’est pas pour rien : il s’agit à la fois d’un excellent exercice pour progresser dans une langue, mais aussi d’un très bon moyen de vous débarrasser de votre timidité !
Donc dès que vous commencez à apprendre votre langue cible, cherchez des partenaires avec qui la pratiquer. Une fois que vous aurez un ou plusieurs amis avec qui discuter, la pratique régulière de la conversation aura deux avantages : tout d’abord, parler votre langue cible deviendra naturel et vos appréhensions diminueront. Ensuite, ce sera bénéfique pour votre motivation, car rien n’est plus plaisant que d’interagir avec des personnes en chair et en os.
Autre avantage : si vous discutez avec un partenaire qui apprend le français, vous vous rendrez vite compte de ses lacunes et des obstacles qu’il rencontre, sans pour autant avoir l’air ridicule. Cela vous permettra de relativiser l’image que vous renvoyez aux locuteurs natifs de votre langue cible, comme je vous l’expliquais dans le premier point.
Alors si vous êtes encore isolé dans votre apprentissage, il vous suffit de télécharger une application pour rencontrer des locuteurs natifs et vous pourrez commencer à discuter dans cinq minutes tout au plus. Aucune excuse pour ne pas le faire !
7. Réfléchissez moins, parlez plus
Vous avez certainement remarqué que lorsque vous hésitez à parler, plus vous attendez, plus vous trouvez de raisons de ne pas le faire. Ce phénomène est parfois appelé « paralysie de l’analyse » et fonctionne de la manière suivante : plus vous analysez une situation qui vous fait peur, plus vous rationalisez le fait de ne pas agir. En d’autres termes, vous trouvez de bonnes excuses pour ne pas passer à l’action.
Ne laissez pas votre cerveau vous mettre des bâtons dans les roues, court-circuitez-le ! Lorsque vous hésitez à vous exprimer dans une langue étrangère, comptez jusqu’à trois, prenez une grande inspiration et allez-y. Vous ferez le point plus tard.
8. Recherchez les occasions de parler
Restons dans notre démarche active de la pratique d’une langue : pour que la conversation devienne une seconde nature, vous devez prendre le réflexe de la pratiquer en toutes circonstances.
Donc faites feu de tout bois : discutez avec des amis, à l’oral comme à l’écrit, rencontrez des locuteurs natifs dans des événements liés aux langues, partez en voyage dans le pays et séjournez chez l’habitant, prêtez main forte aux touristes égarés, réservez un restaurant au téléphone, etc.
Au bout de plusieurs années de pratique, vous aurez connu tellement de situations différentes que rien ne pourra plus vous effrayer.
9. Optimisez votre apprentissage du vocabulaire
Un piège dans lequel il est facile de tomber concerne le vocabulaire. A première vue, aucun rapport avec la confiance en soi. Eh bien figurez-vous que justement, il y en a un.
L’une des principales raisons pour lesquelles vous vous sentez frustré lorsque vous parlez une langue est le manque de vocabulaire pour exprimer vos idées. Autrement dit, vous voulez développer votre pensée, faire un trait d’esprit… et vous ne trouvez pas vos mots pour le faire.
Comme toujours, prenez les devants ! Choisissez votre vocabulaire en fonction des besoins de votre quotidien et utilisez-le dès que vous en avez l’occasion.
De la même manière, si jamais vous vous retrouvez dans une impasse par manque de vocabulaire, demandez-vous quels sont les mots qui vous ont manqué et apprenez-les en priorité.
Si vous avez toujours en tête le vocabulaire adéquat pour mener à bien une conversation, vous cesserez de vous retrouver dans des situations embarrassantes. A vous donc de définir une bonne stratégie de mémorisation.
10. Apprenez des phrases toutes faites, spécialement pour la conversation
Toujours concernant le vocabulaire, voici une astuce qui vous sauvera dans bien des cas : apprenez en priorité des phrases toutes faites, qui peuvent être utilisées dans plus ou moins toutes les conversations. Par exemple : « Je ne comprends pas. », « Pouvez-vous répéter ? », « J’ai appris l’anglais à l’université. »…
Le but de la manœuvre est d’avoir une boîte à outils de phrases-clés dans laquelle piocher, sans avoir à réfléchir. Ainsi, vous n’angoisserez pas à l’idée d’utiliser le mauvais temps pour un verbe ou la mauvaise déclinaison pour un nom.
Bien sûr, meilleur sera votre niveau, plus vous aurez envie de faire des phrases complexes et nuancées, mais lorsque vous en serez arrivé là, vous aurez de toute manière beaucoup moins peur de prendre la parole.
11. Arrêtez d’écouter les personnes négatives
Ce n’est évidemment pas à moi de vous dire qui vous devez fréquenter, mais force est de constater que certaines personnes ne feront que vous enfoncer tout au long de votre projet. Entre celles qui critiquent le choix de toute langue qui ne leur semble pas utile et les pédants qui viennent vous juger pour se donner de l’importance, vous en verrez défiler un paquet.
Concrètement, que vous apportent ces critiques ? Absolument rien, donc cessez complètement de les écouter. Votre apprentissage s’en portera tout de suite mieux.
A l’inverse, gardez une oreille ouverte pour les personnes qui vous apportent des corrections ou des critiques constructives sur votre manière de parler. Il n’est pas toujours agréable d’entendre qu’on prononce mal un mot ou que l’une de nos phrases n’a aucun sens, mais cela fait partie du jeu.
12. Parlez de votre problème avec des personnes de confiance
Je veux bien l’admettre, parler d’un manque de confiance en soi avec d’autres personnes n’est pas toujours évident. Par fierté ou par pudeur, vous pourriez être tenté de dissimuler cette embarrassante difficulté.
Si cette attitude est compréhensible, vous auriez tort de ne pas en discuter avec d’autres apprenants, qui ont rencontré un problème similaire dans leur parcours. Vous vous priveriez de leur retour d’expérience et de précieux conseils pour surmonter cet obstacle.
Alors ne restez pas isolé et entourez-vous de personnes de confiance, qui sauront vous encourager dans votre projet d’apprentissage.
Conclusion : l’occasion rêvée de vaincre votre peur de parler
J’espère que ces conseils vous aideront à prendre confiance en vous dans votre étude d’une langue. Au lieu de voir votre apprentissage comme une source de stress, considérez-le plutôt comme une formidable occasion de surmonter vos blocages à l’oral.
Maintenant que vous avez fini de lire cet article, il ne vous reste plus qu’à rencontrer des locuteurs natifs de votre langue cible pour parler avec eux !
Vous cherchez encore plus de conseils sur ce sujet ?
Bonne nouvelle : plusieurs autres blogueurs ont participé à cette quatrième édition du carnaval d’articles. Dans leurs articles et vidéos, ils vous donnent leur avis sur la question ; vous trouverez donc forcément l’approche qui vous correspond.
Pour voir le récapitulatif de tous les articles, rendez-vous sur cette page du site Holamigo.
Pour aller plus loin : la formation pour vaincre votre timidité
Si vous ressentez des blocages au moment de parler une langue étrangère, je peux vous aider à agir. J’ai créé un cours spécialement sur la confiance en soi dans la pratique d’une langue. Vous pouvez le démarrer ici :
Bonjour Pierre;
Oui, facile de dire allez y !
Mais quand vous faîtes l’effort d’essayer de parler la langue du pays ; que votre interlocuteur entend votre accent typique de français et vous dit ; parlez en français ça sera mieux …. Les bras m’en tombent ! Comment faire des progrès après cela ? Je suis en colère et ne sais plus dire un mot !
Hasta pronto .
Claudine
Ce n’est pas forcément une fatalité : si votre interlocuteur essaie juste d’être bienveillant, insistez en expliquant que vous avez besoin de pratiquer et que c’est justement ainsi que vous perdrez votre accent français. S’il est malveillant, passez outre.