L’édition 2016 de la Polyglot Conference s’est tenue le week-end du 29 et 30 octobre à Thessalonique, dans le nord de la Grèce. J’y étais et il est grand temps de vous livrer mon avis sur l’événement. Après la Polyglot Gathering en mai, c’était la seconde rencontre à laquelle j’assistais dans le domaine des langues, pour faire la connaissance d’autres passionnés et satisfaire ma soif de savoir. Je vous emmène donc sur les rives de la mer Egée pour un compte-rendu détaillé.
La Polyglot Conference, le premier rendez-vous polyglotte
Difficile de ne pas faire un parallèle avec la Polyglot Gathering, puisque j’ai retrouvé à Thessalonique de nombreuses personnes que j’avais déjà croisées à Berlin quelques mois plus tôt. Le principe est plus ou moins le même : un rassemblement de passionnés de langues, professionnels ou amateurs, des conférences et des sponsors venant faire leur promotion.
En revanche, il est à noter que la Polyglot Conference est plus ancienne que la Polyglot Gathering (2013 contre 2014), plus courte (deux jours contre quatre) et change chaque année de ville : après Budapest, Novi Sad et New York, c’est donc la ville de Thessalonique qui a été choisie, en partie pour célébrer les origines grecques de l’un des deux organisateurs, Alex Rawlings.
J’avais entendu parler de l’événement l’an dernier, mais l’idée d’investir dans un vol Paris-New York simplement pour deux jours de conférences ne m’avait pas vraiment tenté. Cette année, la proximité de la Grèce m’a décidé à franchir le pas.
Le jeudi 27 octobre, j’ai donc atterri dans ce pays que je n’avais jamais eu l’occasion de visiter, en compagnie d’un autre participant croisé par hasard à l’aéroport de Beauvais.
Arrivée à Thessalonique
La deuxième ville de Grèce
Plantons le décor : fondée en 315 av. J.-C., Thessalonique est la capitale de la Macédoine-Centrale, l’une des treize périphéries (régions) de la Grèce. Attention d’ailleurs à ne pas confondre la Macédoine grecque avec la République de Macédoine, Etat situé plus au nord ; dans les deux cas, la région comme le pays tirent leur nom de l’antique royaume de Macédoine, notamment dirigé par Philippe II et son fils Alexandre le Grand.
Avec une population de plus de 320 000 personnes, Thessalonique est la deuxième ville de Grèce après Athènes et son port est l’un des plus importants de la mer Egée. Elle est généralement considérée comme le cœur culturel du pays et abrite de nombreux événements, comme le Festival international du film de Thessalonique.
Une ville riche mais touchée par la crise
C’est le constat que je fais en arrivant et qui ne sera jamais démenti au cours de mon séjour : Thessalonique semble être une ville relativement riche et dynamique, mais les séquelles de la crise économique de 2009 se font sentir. Les enseignes lumineuses de magasins propres et modernes sont encadrées par des allées mal éclairées couvertes de graffitis, le centre-ville bien entretenu côtoie les rues aux pavés disjoints, le réseau de bus fonctionne sans problème mais les abribus semblent prêts à tomber en ruines…
Ce contraste n’empêche pas Thessalonique d’être une ville aussi vivante qu’agréable, même le dimanche soir, et la sympathie de ses habitants n’a jamais été prise en défaut. Disons qu’il faut aimer le charme un peu cru des villes méditerranéennes !
Le lieu de la conférence
Pendant mon séjour, je suis hébergé dans un studio loué sur Airbnb, juste à côté du logement de la grand-mère de mon hôte, dans un quartier proche de l’arc et la rotonde de Galère, édifiés au IVe siècle par l’empereur romain du même nom. L’appartement est relativement spartiate mais amplement suffisant, dans la mesure où je ne compte pas y passer beaucoup de temps.
L’événement a lieu au Megaro Mousikis, superbe auditorium situé au bord de la mer Egée. Le bâtiment est malheureusement un peu éloigné du centre-ville, précisément quatre kilomètres au sud. Il est donc nécessaire de prendre un bus ou un taxi pour s’épargner une marche de quarante-cinq minutes.
Avant la Polyglot Conference
J’arrive donc le 27 octobre en fin d’après-midi. Le soir, je retrouve d’autres personnes dans un bar qui propose des jeux de société à ses clients. C’est ce que j’apprécie avec les événements polyglottes, peut-être encore plus que les conférences, à savoir la possibilité de croiser des amis et collègues n’habitant pas à Paris et bien sûr de faire de nouvelles rencontres.
Le défilé militaire du « Jour du Non »
Le jour suivant, soit le 28 octobre, une soirée d’ouverture est prévue à 18h. Avant ce rendez-vous, je me mêle à la foule qui participe à une fête nationale grecque, le Jour du Non (Επέτειος του « ‘Οχι »). En demandant autour de moi, je finis par obtenir des explications sur cette date : le 28 octobre 1940, le gouvernement grec rejeta un ultimatum de l’Italie fasciste imposant l’occupation militaire du pays. Ce refus marque le début de la guerre italo-grecque et donc l’entrée de la Grèce dans la Seconde Guerre Mondiale, qui fut terrible tant pour le pays que pour la ville de Thessalonique : 98 % de sa communauté juive (les Juifs de Salonique) trouva la mort.
Ce jour est donc naturellement devenu une fête importante pour les Grecs et j’ai eu l’occasion d’assister à un défilé militaire impressionnant par rapport à la taille de ce pays. Etrangement, la Grèce occupe le quatrième rang mondial des importateurs d’armes, en partie pour faire jeu égal avec le puissant voisin turc.
Outre les chars et autres avions de chasse, ce sont surtout les personnes vêtues d’habits anciens qui retiennent mon attention (je préfère éviter le terme « costume traditionnel », qui renvoie trop souvent à une image de carte postale) et me permettent de mieux m’immerger dans la culture grecque.
J’en profite ensuite pour visiter le centre-ville, puis je retourne dans mon appartement pour travailler un peu. Eh oui, la vie d’entrepreneur-voyageur n’est pas seulement faite de vacances !
Une fois ces formalités expédiées, je me mets en route vers l’auditorium pour la soirée d’ouverture. Comme j’ai un peu de temps devant moi, je décide d’y aller à pied en longeant le front de mer : une balade un peu longue mais appréciable pour moi qui aime l’air marin. Je milite d’ailleurs pour qu’on amène la mer à Paris, par exemple en remplacement du 16e arrondissement.
Soirée mondaine (et multilingue)
Premier constat : le lieu de l’événement est magnifique, avec d’immenses baies vitrées offrant une vue formidable sur la mer Egée. J’arrive un peu tôt et il n’y a pas encore grand-monde, j’en profite donc pour saluer Richard Simcott, l’un des organisateurs, et pour faire connaissance avec les personnes déjà présentes.
La salle se remplit très vite jusqu’à devenir comble et je retrouve avec plaisir un certain nombre de têtes aperçues à la Polyglot Gathering. A ma grande surprise, de parfaits inconnus m’abordent et me disent qu’ils regardent régulièrement mes vidéos pour améliorer leur français, bien que je parle trop vite pour eux (promis, je ferai un effort).
Le cadre, les musiciens jouant près du bar et la foule multilingue donnent à l’événement un côté cinématographique, un peu comme dans un James Bond. Après tout, les polyglottes ont toujours fait de bons espions 😉
La soirée se termine malheureusement assez tôt, à 19h30. Une grande foule se met alors en marche vers une destination indéterminée, aussi décidons-nous avec quelques amis de nous échapper pour trouver un restaurant.
Après un premier essai infructueux et gênant dans un restaurant quasi-désert et peu engageant, nous finissons par trouver un établissement qui nous convient. Nous sommes agréablement surpris par l’amabilité des serveurs, qui nous enseignent quelques mots en grec (je me souviens juste de λάδι / ládi, « huile ») et nous apportent un dessert aux frais de la maison. Au passage, une évidence s’impose : la feta est quand même bien meilleure dans son pays d’origine qu’en France.
Nous décidons de rentrer tôt, car la journée du lendemain s’annonce longue.
Premier jour : les conférences commencent !
Pour moi, la journée commence assez mal. Une violente insomnie ne m’a laissé que quelques heures de sommeil, je décide donc de m’accorder un peu de repos et d’arriver pour 10h, heure de la première conférence.
Une fois sur place, je trouve tout de même un peu de temps pour assister à la fin du discours d’ouverture donné par les organisateurs et l’un des conférenciers.
Programme des interventions
Je ne peux pas assister à toutes les présentations, pour la simple et bonne raison que certaines tombent en même temps : il peut y avoir jusqu’à trois conférences au même moment, sauf quand il s’agit d’une keynote, qui est alors l’unique présentation sur le créneau horaire.
Le compte-rendu que vous vous apprêtez à lire correspond donc à une sélection personnelle et ne représente donc pas la richesse de l’événement. Notez cependant que les conférences ont toutes été filmées, je reviendrai dessus plus tard dans l’article.
Samedi matin
La matinée commence par l’annonce de l’annulation d’une des conférences, présentée par les célèbres frères Youlden de Babbel. Mais si, vous savez, les deux rouquins barbus que vous voyez sur les encarts publicitaires d’à peu près tous les sites qui en affichent. Visiblement, ils sont tombés malades au même moment, pas de chance.
L’âge dans l’acquisition d’une langue étrangère, par Tim Keeley
Une présentation intéressante, car elle vient me conforter dans l’idée qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre une langue. Contrairement à une idée reçue tenace, les enfants n’apprennent pas mieux les langues que les adultes, ils le font simplement dans un environnement plus stimulant pour eux. Les adultes, quant à eux, échouent généralement par manque de motivation et en déduisent qu’ils ne sont pas faits pour cette activité.
Si le cerveau devient moins plastique au moment de la puberté, l’imagerie cérébrale a par contre démontré qu’un apprenant adulte d’une langue à tons pouvait développer des connexions neuronales semblables à celles d’une personne dont c’est la langue maternelle.
Si vous souhaitez apprendre une langue, ne laissez donc pas l’âge constituer un obstacle !
L’utopie linguistique et les produits d’apprentissage, par Ellen Jovin
Ellen, polyglotte américaine, a une grande passion dans la vie : collectionner les méthodes de langues. Elle nous parle donc de cette addiction qui laissera perplexe le commun des mortels, mais dans laquelle beaucoup de spectateurs se reconnaissent.
L’intervenante nous explique ensuite ce qui constitue la faiblesse de beaucoup de méthodes, comme des dialogues insipides, une présentation austère ou au contraire un bel emballage renfermant un contenu indigent.
Je n’assiste pas à la keynote suivante, par manque de temps : le wi-fi de mon appartement fonctionnant très mal, je dois capter celui du hall de l’auditorium pour régler quelques tâches urgentes, entre autres l’envoi de ma newsletter hebdomadaire.
Pause repas et gastronomie grecque
Pendant les deux jours de l’événement, le déjeuner est compris dans le prix du billet. Il s’agit d’un buffet de nourriture locale, dans lequel je ne reconnais guère que la moussaka et la fameuse salade grecque.
Cette pause assez longue (1h40) laisse le temps de sympathiser avec d’autres personnes en attendant la reprise des conférences.
Certains sponsors offrent des méthodes de langues (dont j’ai parlé dans cette vidéo). Outre un guide de conversation wolof (clin d’œil à Khady Ndoye), glissé par Assimil dans les sacs distribués à chaque participant, il est également possible de récupérer une méthode de grec d’Elisabeth Smith, plus une autre au choix : pour moi, ce sera donc le suédois par Teach Yourself.
Samedi après-midi
Promouvoir la langue maternelle à l’école, par Eithne Gallagher
L’intervenante de cette keynote nous fait part de son expérience en tant qu’institutrice dans une école britannique dont les élèves n’ont pas forcément l’anglais comme langue maternelle. Plutôt que d’interdire aux enfants de parler la langue de leurs parents, elle préfère les encourager à le faire pour les aider à prendre confiance en eux.
La gamification dans l’apprentissage des langues, par Johanna Wagman et Bertrand Millet
Après une pause-café d’une demi-heure, je continue avec l’unique conférence en français de l’événement, donnée par un couple d’amis.
La gamification, ou ludification en bon français, est une pratique très en vogue consistant à appliquer des mécaniques propres au jeu dans des activités qui ne s’y prêtent a priori pas beaucoup, comme par exemple… l’apprentissage d’une langue. L’approche est intéressante, car si je n’utilise pas le jeu dans mes formations, je me suis beaucoup inspiré de mon expérience dans l’industrie du jeu vidéo pour concevoir ma manière d’apprendre les langues.
Le message fondamental de cette conférence pourrait en tout cas être résumé ainsi : au lieu de concevoir votre apprentissage comme un calvaire, amusez-vous !
Apprendre une langue : promesses marketing et évidences contre fonctionnement du cerveau, par Helen Abadzi
Native de Thessalonique, Helen Abadzi est une psychologue et chercheuse ayant travaillé vingt-sept ans à la Banque mondiale. Son expérience dans la lutte contre l’illettrisme l’a amenée à s’intéresser au fonctionnement du cerveau.
Elle donne quelques conseils très pertinents, dont un qui devrait vous intéresser s’il y a une langue dans laquelle vous êtes complètement rouillé : au lieu de repartir de zéro, reprenez vos anciens manuels et travaillez dessus, pour refaire le cheminement que vous aviez fait à l’époque. Voici quelques ressources recommandées au cours de cette conférence : la méthode Pimsleur et les cours du FSI et du DLI (Foreign Service Institute et Defense Language Institute).
Nouvelle soirée à Thessalonique
Cette première journée de conférences se termine. Avec d’autres participants, nous gagnons le centre-ville au terme d’un long trajet dans un bus bondé. Nous faisons un détour par une librairie spécialisée dans les langues, où je ne trouve rien de très intéressant, avant de passer de la nourriture spirituelle à la nourriture terrestre sur la place Aristote. Cette dernière est sans aucun doute le cœur de la ville, ouverte sur la mer et offrant une vue dégagée sur le mont Olympe.
Pour ne pas faire dans l’originalité, nous nous arrêtons devant un restaurant vendant des gyros, célèbres sandwiches grecs composés de viande, de crudités et de tzatzíki, le tout dans un pain pita. La gastronomie de rue locale semble d’ailleurs jouir d’une belle vitalité, puisque je n’aperçois ni McDonald’s, ni Burger King dans le centre. Un Starbucks se trouve non loin, mais que voulez-vous, aucune ville n’est parfaite !
Pour conclure la soirée, nous retrouvons d’autres participants dans un pub astucieusement nommé… The Pub. Depuis mon voyage en Irlande, je suis devenu plus exigeant sur ces établissements quand ils se trouvent en dehors des îles britanniques, mais celui-ci reste fort sympathique.
Epuisé suite à ma quasi-nuit blanche de la veille, je ne m’éternise cependant pas, il me reste encore une journée de conférences !
Deuxième jour : encore plus de savoir sur les langues étrangères
Après une nuit de sommeil réparateur, je retourne au lieu de l’événement, cette fois avec un peu d’avance pour profiter des personnes déjà présentes sur place.
Dimanche matin
Pourquoi mon accent est-il si mauvais ? par Anthony Lauder
Cette conférence s’attaque à un problème qui touche l’immense majorité des apprenants : pourquoi est-il si difficile d’acquérir une prononciation parfaite dans une langue étrangère ? L’intervenant explique que si le cerveau est encore plastique chez l’adulte, il l’est moins que pendant l’enfance et l’accent tend à se fixer au moment de la puberté pour des raisons d’identification « tribale » : il a toujours été préférable d’avoir l’accent de sa propre tribu plutôt que celui de la tribu d’en face.
D’après la neuroscience, l’hémisphère gauche a un effet inhibiteur sur l’hémisphère droit et empêche l’acquisition d’un nouvel accent. Il existe cependant une technique permettant de contourner ce phénomène : le chant. Si les parents ont naturellement tendance à chanter à leurs enfants, ce n’est pas pour rien, c’est en réalité une pratique instinctive chez l’être humain.
Je vais donc essayer cette technique pour juger de son efficacité. Comme je chante comme une casserole, je ne vous infligerai cependant pas ce spectacle en vidéo !
Langue et conflit en Asie centrale, par Emily Canning
Je comptais initialement aller à une autre conférence, mais l’intervenant n’avait pas pu faire le déplacement
Cette présentation est centrée sur l’Asie centrale (en gros, les pays de culture turque avec un nom en -stan) et les tensions que cristallisent les langues locales, pourtant membres d’une même famille, les langues turques ou turciques.
Ce que les langues ne veulent pas que vous sachiez, par Gaston Dorren
Cette keynote est davantage culturelle, avec des anecdotes sur les langues : l’attachement quasi-religieux du français au latin, le fait que Cyrille et Méthode, natifs de Thessalonique, n’aient sans doute pas inventé le célèbre alphabet cyrillique, l’intelligibilité des langues scandinaves ou encore la présence des langues celtiques dans les régions où il pleut le plus !
Pause repas et photo de groupe
Chaque événement dédié aux langues se doit d’avoir sa photo regroupant tous les convives : c’est désormais chose faite !
Dimanche après-midi
L’apprentissage des langues comme discipline et exercice mental, par Alexander Arguelles
Dans cette nouvelle keynote, Alexander Arguelles, polyglotte haut en couleurs, nous présente son style d’apprentissage à la fois monacal et extravagant : il passe beaucoup de temps dans son bureau à apprendre des langues et à tout consigner minutieusement, quand il ne se promène pas dans des parcs en répétant très fort des enregistrements en langue étrangère. Cette technique appelée shadowing est très efficace et consiste à répéter ce que vous entendez pendant que vous l’entendez, plutôt que de mettre sur pause à la fin de la phrase. Personnellement, je préfère l’employer chez moi plutôt que dans les lieux publics, mais je suis d’accord quant à son utilité !
L’apprentissage efficace d’une langue étrangère repose avant tout sur une bonne discipline mentale, un raisonnement que je partage également.
Comment créer une méthode de grec et égyptien anciens, par Jean-Pierre Guglielmi
Le grec et l’égyptien de l’Antiquité, l’intervenant les connaît bien, puisqu’il est l’auteur des deux méthodes dédiées chez Assimil. Il témoigne principalement des difficultés que présentent ces langues que plus personne ne parle et du travail de reconstitution qui s’impose : quelle était leur prononciation, quels textes proposer aux débutants dans un corpus qui exige de bonnes connaissances linguistiques ?
L’importance de se fixer des priorités dans l’apprentissage d’une langue, par Lýdia Machová
L’intervenante a une approche que j’apprécie, car selon elle, on ne peut pas vraiment enseigner une langue, on donne plutôt à l’étudiant les moyens de l’apprendre par lui-même. Il est important de se fixer des priorités à différents moments de son apprentissage, par exemple se concentrer pendant deux mois sur l’écoute, la prononciation et le vocabulaire, puis trois mois sur l’oral, le vocabulaire et l’écoute.
Lýdia insiste sur la composante orale, qui est pour elle la plus importante et sur laquelle il est préférable d’insister au moment de définir nos priorités.
La Polyglot Conference se termine (déjà !)
Arrive à présent le moment fatidique : la cérémonie de clôture au cours de laquelle sera révélé le lieu de la prochaine Polyglot Conference. Les rumeurs vont bon train, il serait question d’un endroit où il fait froid.
Après avoir chaleureusement remercié l’équipe organisatrice, Alex Rawlings et Richard Simcott s’emploient à faire monter le suspense, tout en ponctuant leur intervention de blagues et de références à l’immonde chanson Let It Go, sans doute l’une des plus traduites au monde.
La nouvelle finit par tomber : la prochaine édition de l’événement se déroulera à Reykjavik en Islande ! Je n’y suis jamais allé, donc pourquoi pas, je vous tiendrai au courant si je décide d’y participer.
Dernière soirée et adieux à Thessalonique
L’événement se termine, un peu rapidement à mon goût : en comparaison, les quatre jours de la Polyglot Gathering laissent plus de temps pour nouer des contacts avec les autres participants. Comme je me rends à ces événements avant tout pour élargir mon réseau, ce détail n’est pas sans importance.
Nous nous rendons dans un restaurant pour profiter une dernière fois de la gastronomie grecque, puis nous continuons dans la soirée dans un café de la place Aristote (encore elle !). Comme mon avion part tôt le lendemain matin, je dois malheureusement quitter les lieux plus vite que je ne l’aurais voulu.
Le départ
Après une courte nuit de sommeil, je me rends à l’arrêt où passe la navette pour l’aéroport. Je n’ai pas eu tort de prévoir large, car elle arrive avec vingt minutes de retard. Quelques heures plus tard, je me trouve enfin dans l’avion qui m’emmène vers ma prochaine destination, Milan.
Conclusion : faut-il aller à la Polyglot Conference ?
Si vous avez un fort intérêt pour les langues étrangères et leur apprentissage, vous avez tout intérêt à vous pencher sur l’événement. Inutile d’être un professionnel ou un érudit parlant dix langues, l’ambiance reste bon enfant et personne ne vous jugera sur vos compétences.
L’intérêt principal de cette réunion de passionnés repose sur son aspect convivial, avec de nombreuses personnes curieuses et enthousiastes, dont certaines sont devenues des amis et que je prends plaisir à retrouver régulièrement.
S’il s’agit du tout premier événement du genre, il faut bien admettre qu’avec la multiplication des concepts similaires (Polyglot Gathering, North American Polyglot Symposium…), la concurrence devient rude et on peut avoir une impression de redite. L’intérêt principal de la Polyglot Conference repose sur le lieu qui change chaque année, donc la meilleure chose à faire reste de faire votre choix en fonction de vos disponibilités et de l’endroit où vous habitez.
Par rapport à la Polyglot Gathering, la Polyglot Conference a un aspect plus « haut-de-gamme », dans un bâtiment beaucoup plus luxueux (et avec un wi-fi fiable, pour le coup), mais avec un prix comparativement plus élevé : 99 € pour deux jours en réservant tôt (ou 159 € plus tard) contre 120 € pour quatre jours. Autre argument en faveur de la Polyglot Gathering : l’auberge de jeunesse où elle avait lieu permettait de rassembler tout le monde du matin jusque tard dans la nuit, tandis qu’il fallait partir tôt de l’auditorium de Thessalonique, ce qui impliquait fatalement une dispersion des convives.
Dans tous les cas, je ne regrette pas une seule seconde de mon temps passé en Grèce en compagnie de nombreux autres passionnés et je félicite les organisateurs et les conférenciers pour l’immense travail abattu. Peut-être à l’année prochaine !
Les enregistrements des conférences bientôt disponibles
Si vous n’avez pas pu assister à la Polyglot Conference mais souhaitez voir les vidéos des présentations, il vous suffit de vous inscrire à la newsletter hebdomadaire via le formulaire ci-dessous et je vous avertirai par e-mail dès qu’elles seront mises en ligne.
Superb article !
À chaque fois je me dis qu’il faut que j’y aille, mais pour l’instant je ne me suis jamais decidé à le faire.
Peut-être pour Berlin 2017, qui sait !
D’ailleurs, peut-être que c’est une fausse idée que j’ai, mais même s’il y a beaucoup de gens qui parlent espagnol dans des événements comme ça, j’ai l’impression qu’il y a pas beaucoup des Espagnols ! :O Est-ce que tu en as déjà rencontrè ?
Votre compte rendu est très intéressant avec une pointe d’humour fort agréable. Apprenant le grec moderne j’étais particulièrement curieuse de connaître votre impression sur la langue que vous trouvez « très chantante » c’est aussi mon impression. Je suis réconfortée par les conclusions de la keynote disant qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre une langue étrangère. Une petite mise au point amicale au sujet des « restaurants grecs » ils sont rares et chers il faut leur préférer les chaleureuses « taverna », souvent familiales où l’on chante (en grec)et l’on danse et où les plats sont bons et copieux !!!! C’est réconfortant de voir comme le monde des langues est dynamiques et en pleine évolution. Merci de nous faire partager vos expériences.
Les restaurants en question s’appelaient en effet des tavernes 🙂
Bah oui, viens 🙂
En 2017, ce ne sera plus à Berlin mais à Bratislava, par contre. Concernant les Espagnols, j’en ai croisé quelques-uns dans les deux événements, mais très peu en effet.
Merci Pierre pour cet intéressant compte rendu que j’attendais avec patience.
J’y ai retenu notamment 2 choses :
– » Je milite d’ailleurs pour qu’on amène la mer à Paris, par exemple en remplacement du 16e arrondissement. »
Intéressant ! Quelle forme prend cet engagement militant ? Y a-t-il une association, un mouvement qui milite pour cette cause ?
– les frères de Babbel absents pour cause de maladie : était-ce selon toi une raison diplomatique ?
– Pas à ma connaissance !
– Aucune idée. Je ne pense pas parce que Babbel était bien présent sur place sous forme de cadeaux divers, je doute qu’il y ait eu un désaccord profond.
Très bon compte-rendu, ça donne vraiment envie d’y aller! Dommage que la Polygot Conference/Gathering tombe toujours pendant la période scolaire ;-(
C’est sûr que cet événement est plus destiné aux indépendants et salariés du privé, qui ont plus de libertés pour se libérer. Cela dit, il est toujours organisé un week-end pour être plus accessible aux salariés.
Merci Pierre ,comme toujours un compte rendu de qualité.
Me rendre à ces conférences me donne envie mais étant intermédiaire en Anglais, fausse débutante en espagnol et totalement débutante en Roumain , j’ai peur de ne pas y être à ma place avec l’impossibilité de ne converser convenablement.
Merci pour tes retours
Je ne pense pas que ce soit un frein. Les participants sont généralement sympathiques et ne jugent pas sur le niveau en langues.
Merci Pierre pour avoir partagé tes expériences à Salonique. C’était vite passé.