Bienvenue dans la dernière partie de ce récit de voyage à travers l’Europe. Après avoir parlé de Munich en Allemagne, Innsbruck et Salzbourg en Autriche, j’évoquerai le reste de mon séjour à Vienne, puis mon passage par Bratislava en Slovaquie. Blog sur les langues oblige, je m’attarderai sur les spécificités linguistiques propres à l’allemand autrichien, avec une parenthèse sur la langue slovaque, que j’ai découverte à l’occasion de ce voyage.
Retrouvez les épisodes précédents :
- Première partie : Munich et Innsbruck
- Deuxième partie : Salzbourg et Vienne
Vienne : suite et fin du séjour
Jour 9 : le sixième arrondissement de Vienne
Aujourd’hui, nous rencontrons une nouvelle hôtesse Couchsurfing à Vienne, qui vit dans le sixième arrondissement de la ville, Mariahilf. J’en profite pour faire une parenthèse sur Couchsurfing : je suis toujours un fervent défenseur de ce service, qui permet de rencontrer des personnes là où l’on voyage et de s’immerger dans leur quotidien. Une mise en garde cependant : si vous prévoyez un séjour en juillet ou août, armez-vous de patience, car une majorité d’hôtes sont eux-mêmes en vacances et ils reçoivent généralement beaucoup de requêtes. Ne vous y prenez pas à la dernière minute et, surtout, ayez toujours un plan B de côté, comme un hôtel ou un Air BnB.
Ce jour-là, nous faisons plus ample connaissance avec cette partie de Vienne, relativement proche du centre. Notre hôtesse nous emmène d’abord dans un café situé près de chez elle où nous pouvons enfin goûter à la célèbre Sachertorte. Elle nous fait ensuite découvrir le Naschmarkt, plus célèbre marché de la ville, avant de remonter en direction du quartier des musées.
Jour 10 : le vieux Danube et Grinzing
La chaleur étant toujours aussi accablante, nous mettons le cap sur le vieux Danube (alte Donau). Comme son nom l’indique, il s’agit d’un ancien bras du Danube, désormais plan d’eau fermé et lieu de baignade très apprécié des Viennois.
Un conseil si vous souhaitez vous y rendre : même s’il semble tout désigné, l’arrêt Alte Donau de la ligne U1 n’est pas le meilleur accès, car les plages y sont payantes. Préférez-lui l’arrêt Donaustadtbrücke sur la ligne U2.
En début de soirée, nous retrouvons l’amie dont je vous avais parlé au jour 7. Ensemble, nous partons pour Grinzing, dans le dix-neuvième arrondissement de Vienne. A l’origine, il s’agissait d’une commune indépendante située dans les faubourgs de Vienne, annexée par la ville à la fin du XIXe siècle. Ce lieu est surtout réputé pour le vin qui y est produit et servi dans les Heuriger, mélange entre un restaurant et un bar à vin. On ressent en tout cas le côté villageois de l’endroit, beaucoup plus calme que le centre-ville, avec ses bâtisses aux dimensions modestes.
Pour information, heurig veut dire « de l’année » en allemand autrichien (de heuer : « cette année ») ; en effet, on y sert le vin de la dernière récolte. Le restaurant où nous décidons de manger est agréable avec sa cour intérieure, quoiqu’un peu dans kitsch, avec ses serveuses en tenue traditionnelle ou son accordéoniste qui vient jouer à côté de vous, même si vous êtes en pleine conversation.
Jour 11 : départ pour Bratislava
Le moment est venu de quitter Vienne, après un dernier café avec notre hôtesse Couchsurfing. Ces quelques jours n’ont évidemment pas suffi à voir le dixième de ce que la capitale autrichienne a à offrir, il me tarde donc d’y retourner.
Une parenthèse sur l’allemand autrichien
Je ne pouvais pas décemment écrire un article sur un voyage sans aborder la question des langues ! J’ai donc eu l’occasion de parler allemand durant mon séjour et de me frotter un peu à l’accent autrichien, que je ne connaissais pas.
Tout d’abord, je refais un constat qui ne surprendra pas les germanistes en herbe : comme les Allemands, les jeunes Autrichiens maîtrisent très bien l’anglais et n’hésiteront pas à y passer à la moindre difficulté de votre part. Si vous souhaitez vraiment parlez allemand, comme d’habitude, il faudra insister un peu !
Particularités locales
Pour commencer, j’avoue avoir eu un peu de mal à me faire au Grüss Gott (« que Dieu te salue »), le « bonjour » de l’Autriche et du sud de l’Allemagne. C’est d’ailleurs la première salutation que j’ai apprise en allemand, mais depuis, je me suis habitué au bon vieux Guten Tag. Entre amis, les Autrichiens utilisent plus volontiers le mot Servus.
Je n’ai pas eu de difficulté particulière à comprendre quand les gens s’adressaient à moi ou les quelques fois où j’ai dû passer un coup de fil. En revanche, lorsqu’ils discutaient entre eux, c’était une autre paire de manche. C’est tout à fait normal : lorsque l’on s’adresse à un étranger, on a tendance à parler de manière plus formelle qu’à un ami, donc en se rapprochant de la langue « standard ».
Comme je l’ai expliqué dans l’article précédent, le R du sud de l’Allemagne et de l’Autriche est souvent roulé, plus ou moins fort en fonction des personnes. Il existe des mots et expressions locales, comme le jo à la place de ja (« oui »), ou encore le –l en fin de mot, sorte de diminutif proche du –chen allemand. Par exemple, pour Wurst (saucisse), on aura le diminutif Würstl (petite saucisse), au lieu de Würstchen, plus courant en Allemagne.
Il m’est arrivé d’être un peu perdu dans les cafés et restaurants, face à des termes très typiques, comme Schlagobers pour la crème fouettée (Schlagsahne en Allemagne) ou Marillen pour les abricots (Aprikosen en Allemagne).
De manière générale, les Autrichiens ont tendance à manger les mots et à les utiliser sous une forme contractée, ce qui peut donner l’impression qu’ils n’articulent pas : par exemple, gesehen (vu) sera souvent prononcé gsehn.
Je vous rassure, si vous avez appris le Hochdeutsch (allemand standard) à l’école, vous n’aurez pas de difficultés à comprendre et vous faire comprendre des Autrichiens.
Je ne suis pas resté assez longtemps à Munich pour bien m’imprégner de l’accent local, mais je l’ai trouvé assez proche de l’allemand parlé à Salzbourg. Rien d’étonnant à cela, la ville se trouve quasiment sur la frontière avec la Bavière.
J’aurais également aimé entendre davantage le dialecte tyrolien, réputé très spécifique. Peut-être aurait-il fallu s’éloigner d’Innsbruck, où les habitants veillent à parler un allemand plus « neutre » pour être mieux compris des touristes allemands.
Changement de décor : de l’Autriche à la Slovaquie
Nous arrivons au terminal de cars de Vienne. Premier constat : celui de Munich était bien mieux organisé, ici, nous avons un peu de mal à trouver où il faut aller. Devant le car, nous tombons sur un chauffeur moustachu peu aimable qui ne parle visiblement que slovaque, ou qui ne souhaite pas répondre aux questions posées en allemand.
Nous tentons quand même de monter dans le car, même si nous ne sommes pas trop sûrs de la destination. Les autres passagers bavardent en slovaque, nous avons donc peu de chances d’être en route pour l’Italie ou la Suisse.
Le trajet en car n’est pas très intéressant, mais il a le mérite d’être peu cher (7,50 € par personne), Bratislava ne se trouvant qu’à 60 km de Vienne. Si vous en avez les moyens (je n’ai aucune idée des tarifs), n’hésitez pas à faire le trajet en bateau : comme Vienne, Bratislava se situe sur le Danube et il existe des navettes fluviales qui relient les deux villes.
Par chance, l’arrêt du car se trouve à deux pas de notre hôtel, sous le pont Novy Most, célèbre pour son observatoire en forme de soucoupe volante. L’architecture soviétique des années 70 est décidément pleine de surprises !
Découverte de Bratislava
Pour être tout à fait honnête, avant ce voyage, mes connaissances sur Bratislava se résumaient à presque rien. C’est donc avec un œil neuf que je découvre cette ville, ne m’attendant évidemment pas à retrouver ce que j’avais vu dans cette scène du film Eurotrip.
Notre hôtel, un bateau sur le Danube se trouvant à quelques minutes de l’arrêt du car, nous sommes rapidement prêts à parcourir la vieille ville, Staré Mesto en slovaque. A côté de Vienne, Bratislava prend inévitablement des airs de petite ville provinciale, mais c’est aussi ce qui fait son charme. Certes, les constructions de l’ère soviétique font un peu grise mine, mais les bâtiments de l’époque baroque valent le détour.
Comme toujours avec les vieilles villes, il fait bon se perdre dans les ruelles pour errer à son gré, que ce soit près de la place principale (Hlavné Námestie) ou sur les flancs de la colline où se dresse le château (visible en début d’article).
J’avoue avoir beaucoup apprécié ces statues créées dans les années 90 et présentes un peu partout dans la vieille ville. La plus connue d’entre elles est sans doute Čumil, gaillard souriant sortant d’une bouche d’égout.
Le soir, nous profitons du coût de la vie avantageux de Bratislava pour dîner dans un restaurant nommé Prašná Bašta. J’y goûte ce qui est sans doute le plat slovaque le plus célèbre, le bryndzové halušky, composé de gnocchi (halušky), de fromage de brebis (bryndza) et de lard. Si comme moi vous aimez les plats rustiques au goût prononcé, ne le manquez pas ! Ne mangeant pas de viande, ma copine opte pour une solide soupe à l’oignon, visiblement colorée au paprika et plus consistante que son équivalent français.
Jour 12 : Bratislava, suite des visites
Aujourd’hui, nous poursuivons notre visite de la vieille ville, avec de belles choses, comme l’église Sainte-Elizabeth (« l’église bleue ») ou le palais Grassalkovitch (résidence du président de la République), ou moins belles, comme certains quartiers qui commencent à montrer des signes d’usure. Lorsque je voyage, j’aime bien sortir des quartiers touristiques et voir un peu à quoi ressemblent les endroits où se déroule la vie de tous les jours d’une grande partie de la population.
Après ces heures passées à marcher sous un soleil toujours aussi écrasant, nous prenons un dernier dîner bien mérité au Modrá Hviezda, un restaurant au pied du château, dont l’intérieur semble remonter au Moyen-Age. J’y remarque d’ailleurs quelque chose d’intéressant : le serveur s’exprime mieux en allemand qu’en anglais et il n’est pas le seul à Bratislava, sans doute à cause de la proximité avec l’Autriche.
J’en profite d’ailleurs pour vous livrer quelques mots de slovaque que j’ai appris sur place et que vous pourrez utiliser à votre tour si vous souhaiter faire un tour en Slovaquie.
Petit guide de survie en territoire slovaque : formules de politesse et mots utiles
A noter que le č se prononce « tch » et le Ď est mouillé, prononcez-le comme s’il était suivi d’un y.
Dobrý deň : bonjour (souvent abrégé en dobrý)
Dobré ráno : bonjour (le matin)
Dobrý večer : bonsoir
Dovidenia : au revoir
Áno : oui
Nie : non
Prosím : s’il vous plaît
Ďakujem : merci
Ulica : rue
Námestie : place
Stanica : gare
Letisko : aéroport
Voilà, à présent, le slovaque n’a (presque) plus de secret pour vous !
Jour 13 : les meilleures choses ont une fin…
Le jour est hélas venu de rentrer en France. Nous quittons donc notre hôtel et prenons un bus puis un trolleybus en direction de la gare centrale (hlavná stanica en slovaque). Comme le quartier n’est pas très intéressant, nous décidons de nous rendre directement à l’aéroport. Soit dit en passant, le ticket de bus de Bratislava ne coûte que 90 cents, 70 pour les trajets rapides. On est loin de Munich !
L’aéroport de Bratislava porte le nom de Milan Rastislav Štefánik, l’un des fondateurs de la Tchécoslovaquie et officier de l’armée française. Brillant pilote, il est décédé dans un accident d’avion en 1919. En hommage, une reproduction de son avion est exposée dans le hall de l’aéroport.
Conclusion du voyage
Ce périple à travers trois pays a été une belle expérience, qui m’a permis de découvrir des lieux que je ne connaissais pas. Le format un peu « zapping » consistant à passer peu de temps dans chaque ville (deux jours environ, quatre pour Vienne) était forcément frustrant, mais il a permis de garder un rythme soutenu et de ne jamais tomber dans l’ennui.
J’espère que ce récit en trois parties vous a plus et vous a donné envie de partir vous aussi dans ces contrées proches de nous mais finalement peu connues.