Le chinois. Ou le mandarin. Vous en avez sûrement beaucoup entendu parler ces dernières années. Pourtant, quand j’ai commencé à l’apprendre, personne ne pensait que cette langue prendrait une telle ampleur. Aujourd’hui, des millions de personnes veulent la parler pour pouvoir communiquer avec la population du pays le plus peuplé du monde. Mais ce n’est pas si simple. Parler chinois demande beaucoup d’efforts et une certaine discipline. Comment peut-on faire pour se lancer dans l’apprentissage du mandarin ? Par où commencer ? Quels sont les points indispensables à la bonne pratique de la langue ? Dans cet article, vous trouverez tout ce dont vous avez besoin pour commencer à apprendre le chinois sans perdre de temps : les différentes choses à apprendre, les étapes à suivre, les pièges à éviter, des techniques d’apprentissage rapide et ma sélection des meilleures ressources.
Note de Pierre : ce grand dossier sur l’apprentissage du chinois vous est proposé par Joy, créatrice du site et de la chaîne Faguoren. Lisez-le bien jusqu’à la fin, car une surprise vous attend !
Qu’entend-on exactement par « chinois » ?
Quand on dit « le chinois », on sous-entend généralement « le mandarin », appelé 普通话 (pǔtōnghuà, littéralement “langue commune”), qui est la langue officielle de la République Populaire de Chine ainsi que de Taïwan et l’une des langues officielles de Singapour.
Il existe ensuite plus de 24 dialectes en Chine, qui sont répartis dans les différentes provinces. Cependant, la majorité des Chinois comprennent et parlent le mandarin même s’ils maîtrisent également l’un des autres dialectes chinois. En tout, plus d’un milliard de personnes parlent mandarin, dont 198 millions de locuteurs dont c’est la seconde langue.
Comme vous le savez peut-être, le mandarin n’est pas une langue latine et comporte de nombreuses spécificités.
Existe-t-il un alphabet chinois ?
Tout d’abord, il n’y a pas d’alphabet en chinois, chaque mot est formé par un ou plusieurs caractères, également appelés sinogrammes. Il n’y a donc pas de lettres pour former les mots et il faut retenir le sens de chaque caractère pour savoir comment l’employer. Voici un exemple de phrase écrite en caractères chinois :
我是法国人。
Wǒ shì Fǎguó rén. = Je suis Français(e).
Cependant, il existe une transcription phonétique des caractères appelée le « pinyin », 拼音 (pīnyīn). Ce dernier a été créé pour faciliter l’apprentissage du chinois et se base sur l’alphabet latin. Chaque sinogramme a donc un pinyin qui lui est associé. Il est important de savoir qu’il existe de nombreux homophones en chinois et que cela rend par conséquent les caractères indispensables.
Par exemple, une poire se dit 分梨 (fēn lí) et le mot “séparation” se prononce exactement de la même façon à l’oral 分离 (fēn lí), seuls les caractères diffèrent. C’est pourquoi il ne faut pas offrir de poire à votre petit(e) ami(e) en Chine.
Il y a plusieurs autres cadeaux à ne pas offrir à des Chinois à cause de ces caractères homophones : une montre ou horloge, qui se dit 钟 (zhōng), sera associée au caractère 终 (zhōng) qui signifie “la fin”. Si vous offrez une montre ou une horloge à une personne âgée en Chine, cela représentera donc la fin imminente de sa vie et ne sera pas apprécié.
Enfin, n’offrez pas de chaussures à vos amis chinois car le caractère 鞋 (xié) est un homophone du caractère 邪 (xié) qui veut dire “démon”.
D’autre part, certains homophones se prononcent de la même manière avec des tons différents, ce qui peut entraîner des situations assez drôles étant donné l’écart de sens entre les deux mots. Par exemple, on dit 睡觉 (shuì jiào) pour “dormir” et 水饺 (shuǐjiǎo) pour des raviolis à la vapeur. Donc si vous voulez dire que vous avez envie de dormir, attention aux contresens, sinon vous vous retrouverez au restaurant !
Un autre exemple serait le mot qui signifie “tomber amoureux”, 爱上 (ài shàng) dont la prononciation est très proche du mot “affligé”, 哀伤 (āi shāng). Il faut donc être très vigilant avec la prononciation.
Bien qu’on utilise les lettres latines pour former le pinyin, la prononciation de celles-ci est très différente du français ou d’autres langues. Il faut généralement apprendre à faire de nouveaux sons lorsqu’on commence le chinois. Voici un tableau de prononciation chinoise :
L’écriture chinoise et les caractères (sinogrammes)
L’écriture chinoise est donc formée de caractères, qui sont comme des « dessins » de ce qu’ils représentent. Au fil des années, ils ont évolué jusqu’à arriver à la forme que l’on connaît aujourd’hui.
Ils sont composés de traits et de radicaux qui peuvent donner des indications sur leur sens ou leur prononciation. Les traits utilisés pour composer tous les caractères en chinois sont présents dans un seul et même caractère : 永 (yǒng). Voici les noms des traits et le sens dans lequel ils doivent être tracés :
Les radicaux ou clés, quant à eux, sont des “parties” des caractères, c’est-à-dire un assemblage de traits, et permettent en général d’avoir une indication sur le sens ou la prononciation du caractère :
Comme vous pouvez le voir sur l’image ci-dessus, les clés peuvent prendre plusieurs formes, selon où elles sont placées dans le caractère. Cependant, elles conservent toujours leur sens initial.
Ici on a dans l’ordre :
- La clé du couteau : 刀 ou刂 (à droite)
- La clé de l’homme : 人 ou 亻(à gauche)
- La clé du cœur : 心 ou 忄(à gauche) et plus rarement ⺗
- La clé de la main : 手 ou 扌(à gauche)
- La clé de l’eau : 水 ou 氵(à gauche)
- La clé du feu : 火 ou 灬 (au-dessous)
- La clé du chien : 犬 ou 犭(à gauche)
- La clé de l’œil : 目 ou ⺫ (au-dessus)
Pour que ce soit plus clair pour vous, dans le caractère “couper” 切 (qiè), on retrouve la clé du couteau à droite. Dans le mot “prendre”, on a la clé de la main en bas : 拿 (ná). Le caractère 炒 (chǎo) inclut la clé du feu à gauche et sa signification est “faire sauter” ou “frire”. Il y a donc une logique dans la composition et l’écriture des caractères, qui facilite leur apprentissage.
Les caractères chinois font partie intégrante de la culture et tout est écrit en caractères en Chine : le journal, les devantures des magasins, les panneaux, etc. Les Chinois ne comprennent pas le pinyin, mais uniquement les caractères.
Cela s’explique par le fait que la langue chinoise possède beaucoup d’homophones, comme nous l’avons vu un peu plus haut. Ainsi, plus on a un niveau élevé en chinois, moins on arrive à lire le pinyin qui deviendra incompréhensible, un peu comme dans ce célèbre poème chinois :
《施氏食狮史》
石室诗士施氏,嗜狮,誓食十狮。
氏时时适市视狮。
十时,适十狮适市。
是时,适施氏适市。
氏视是十狮,恃矢势,使是十狮逝世。
氏拾是十狮尸,适石室。
石室湿,氏使侍拭石室。
石室拭,氏始试食是十狮。
食时,始识是十狮尸,实十石狮尸。
试释是事。
« Shī Shì shí shī shǐ »
Shíshì shīshì Shī Shì, shì shī, shì shí shí shī.
Shì shíshí shì shì shì shī.
Shí shí, shì shí shī shì shì.
Shì shí, shì Shī Shì shì shì.
Shì shì shì shí shī, shì shǐ shì, shǐ shì shí shī shìshì.
Shì shí shì shí shī shī, shì shíshì.
Shíshì shī, Shì shǐ shì shì shíshì.
Shíshì shì, Shì shǐ shì shí shì shí shī.
Shí shí, shǐ shí shì shí shī shī, shí shí shí shī shī.
Shì shì shì shì.
Les tons chinois : comment bien les prononcer
Il existe une autre particularité en chinois : les tons. Ils sont au cœur de la langue et permettent de différencier les mots que l’on emploie.
Ces 5 tons peuvent être comparés aux intonations que l’on emploie dans nos phrases en français. Chaque caractère a un pinyin sur lequel est écrit le ton correspondant. Voici la représentation graphique des tons chinois, allant du plus grave (en bas) au plus aigu (en haut) :
Les tons sont représentés uniquement sur le pinyin en chinois, pas sur les caractères : ce sont de petits traits ajoutés sur les voyelles du mot. Par exemple, 法国 (Fǎguó) signifie « la France » et vous pouvez constater que le ton est généralement ajouté sur la voyelle qui arrive en premier dans l’alphabet si deux voyelles se suivent (donc ici, sur le o et non sur le u dans uó).
Le premier ton plat et aigu est représenté par un trait plat en pinyin : 她 (tā), « elle ».
Le deuxième ton part du médium pour remonter vers l’aigu et est similaire à l’intonation que l’on emploie pour poser une question en français. Il s’écrit de cette façon : 忙 (máng), « occupé(e) ».
Le troisième ton est le ton le plus grave et commence par descendre vers la note la plus grave puis remonte vers le médium. Sa représentation est d’ailleurs très explicite : 老 (lǎo), « vieux ». Pour vous aider, vous pouvez prononcer deux fois la voyelle à deux tonalités différentes : grave puis aiguë.
Le quatrième ton descend de façon tranchante et rapide. Il peut être assimilé à l’impératif en français : 要 (yào), « vouloir ».
Il existe un cinquième ton, également appelé le ton neutre, qui doit être prononcé sans ton ou de façon neutre, comme son nom l’indique : 呢 (ne), particule interrogative ou affirmative.
Ces tons peuvent être représentés par des “accents”, comme nous venons de le voir, ou par des numéros de 1 à 5 lorsqu’on n’a pas la possibilité de les écrire ou si c’est plus simple à retenir de cette façon. Par exemple, certains ordinateurs ou polices d’écriture ne donnent pas la possibilité d’écrire les tons. Dans ce cas-là, on procèdera de cette façon :
Pinyin sans ton + numéro du ton
Il faut donc bien connaître les tons dans l’ordre :
- premier ton [ ˉ ] = 1
- deuxième ton [ ˊ ] = 2
- troisième ton [ ˇ ] = 3
- quatrième ton [ ˋ ] = 4
Cela donnera donc : 我 (wo3), « je » / 吃 (chi1), « manger » / 够 (gou4), « assez ».
Comme vous pouvez le constater, j’ai représenté les tons par des couleurs différentes sur l’image. Je n’ai pas choisi ces couleurs au hasard, je me suis en fait basée sur les couleurs utilisées dans l’application mobile Pleco, qui est un dictionnaire que j’utilise depuis que j’ai commencé à apprendre le chinois. Une couleur est attribuée à chaque ton et permet donc de connaître le ton d’un caractère en un coup d’œil sur l’application. Les caractères qui ont un ton neutre sont représentés en gris.
La grammaire chinoise : simple ou casse-tête ?
La formation de la phrase
La grammaire chinoise est relativement différente de la grammaire française, notamment pour former les phrases complexes. On utilise des particules qui permettent de remodeler la phrase et qui inversent parfois son ordre initial. À la base, la phrase chinoise se forme comme la phrase française, avec un ordre des mots du type :
Sujet + Verbe + Objet.
Cela facilite ainsi notre apprentissage :
我吃苹果。
Wǒ chī píng guǒ. = « Je mange une pomme. »
→ 我 (sujet) + 吃 (verbe) + 苹果 (objet)。
他看电视。
Tā kàn diànshì. = « Il regarde la télé. »
→ 他 (sujet) + 看 (verbe) + 电视 (objet)。
Cependant, lorsqu’on fait des phrases plus longues, l’objet va changer de place grâce à la particule 把 (bǎ) et l’ordre deviendra : Sujet + particule 把 (bǎ) + Objet + Verbe.
我把钥匙掉了。
Wǒ bǎ yàoshi diào le. = « J’ai perdu mes clés. »
Littéralement : « je + clés + ai perdu. »
你们把这本书放在桌子上。
Nǐmen bǎ zhè běn shū fàng zài zhuōzi shàng = « Vous mettez ce livre sur la table. »
Les classificateurs
Par ailleurs, on emploie des classificateurs en fonction de la nature du nom que l’on emploie, ce qui pourrait être assimilé au mot « grain » quand on dit « un grain de sable » ou “paquet” quand on dit “un paquet de riz” en français.
Ces classificateurs doivent être placés soit entre un adjectif numéral et un nom, soit entre un adjectif démonstratif et un nom. Cela est valable aussi pour les mots interrogatifs correspondants dans les deux cas :
- Ce/ Cette/ Ces + classificateur + nom OU Lequel + classificateur + nom ?
- Un/ Deux/ Trois, etc. + classificateur + nom OU Combien de + classificateur + nom ?
En tout, il existe une centaine de classificateurs mais seulement une poignée d’entre eux sont régulièrement employés. Voici des exemples de classificateurs fréquemment utilisés :
把 (bǎ) : pour les objets qu’on saisit avec le creux de la main
→ 一把椅子 (Yī bǎ yǐzi) : une chaise
本 (běn) : pour les objets reliés
→ 两本书 (Liǎng běn shū) : deux livres
部 (bù) : pour les films ou romans
→ 这部电影 (Zhè bù diànyǐng) : ce film
次 (cì) : pour les événements ponctuels
→ 这次会议 (Zhè cì huìyì) : cette réunion (de cette fois)
份儿 (fènr) : pour les parts ou les exemplaires
→ 一份儿报纸 (Yī fènr bàozhǐ) : un exemplaire de journal
个 (ge) : pour les personnes/ classificateur général
→ 三个人 (Sān ge rén) : trois personnes
口 (kǒu) : pour les bouches à nourrir dans une famille
→ 几口人?(Jǐ kǒu rén?) : combien êtes-vous ?
路 (lù) : pour les lignes de bus
→ 一路车 (Yī lù chē) : le bus n°1
位 (wèi) : pour les personnes avec une touche de respect
→ 这位老师 (Zhè wèi lǎoshī) : ce professeur
张 (zhāng) : pour les surfaces planes
→ 两张桌子 (Liǎng zhāng zhuōzi) : deux tables
Lorsque vous ne savez pas quel classificateur utiliser, vous pouvez employer le classificateur général 个 (ge). Cependant, je ne vous conseille pas de vous reposer sur ce “mot de secours”, car bien connaître les classificateurs en chinois montre que vous avez un bon niveau.
De plus, il n’y a pas tant de classificateurs qui sont employés régulièrement, il vaut donc mieux s’habituer à les utiliser dès le départ et éviter le plus possible de recourir à 个 (ge).
Par ailleurs, en fonction de ce que vous voulez dire, vous pouvez classer un mot avec plusieurs classificateurs. Par exemple :
- 一个人 (Yī ge rén) : une personne
- 一对人 (Yī duì rén) : un couple de personnes
- 一帮人 (Yī bāng rén) : une bande de personnes
- 一群人 (Yī qún rén) : un groupe de personnes
Le temps de la phrase en chinois
Les verbes ne se conjuguent pas en chinois, ils gardent toujours la même forme. C’est grâce à des compléments circonstanciels de temps et à des caractères marquant le temps que l’on peut définir le moment de l’action.
Pour parler de l’action réalisée, on va utiliser la particule 了 (le). Elle se place après le verbe et se traduit par le passé composé en français.
我昨天买了三本书。
Wǒ zuótiān mǎile sān běn shū. = « J’ai acheté trois livres hier. »
Lorsque l’action est en train de se dérouler, on utilise 正在 (Zhèngzài) juste avant le verbe.
她正在穿雨衣。
Tā zhèngzài chuān yǔyī. = « Elle est en train de mettre son imperméable. »
Pour parler de la probabilité future que quelque chose se passe, on utilise 会 (Huì) juste avant le verbe.
明天会下雨。
Míngtiān huì xiàyǔ. = « Il devrait pleuvoir demain. »
On utilise également des compléments circonstanciels de temps pour ponctuer la phrase et marquer le moment de l’action :
- 昨天 (Zuótiān) → hier ;
- 今天 (Jīntiān) → aujourd’hui ;
- 明天 (Míngtiān) → demain.
他昨天不来,可是今天来了。
Tā zuótiān bù lái, kěshì jīntiān lái le. = « Il n’est pas venu hier, mais aujourd’hui si. »
明天你有什么安排?
Míngtiān nǐ yǒu shénme ānpái? = « Quel est ton programme pour demain ? »
Les principales difficultés en chinois
Étudier le chinois, c’est apprendre un nouveau système de pensée. Pour des francophones qui sont habitués aux langues latines telles que l’espagnol ou l’italien, il faut repartir de zéro. Les difficultés sont nombreuses lorsqu’on débute : prononciation, tons ou encore écriture, toutes les bases sont à revoir.
Difficulté n°1 : les caractères
Pour commencer, les caractères peuvent paraître incompréhensibles et impossibles à retenir au premier abord. Ils ne ressemblent à rien de ce qu’on a pu voir auparavant, à part peut-être des hiéroglyphes !
Le problème est qu’il faut non seulement savoir les reconnaître, mais aussi les écrire et les prononcer correctement. Au début de l’apprentissage, on étudie des caractères assez simples qui ne comportent que quelques traits, mais au fur et à mesure, on en apprend de beaucoup plus complexes : 15 à 20 traits. Chaque trait doit être dessiné dans un ordre précis et il faut se rappeler de tout pour pouvoir réécrire le caractère plus tard.
Voici le caractère de la langue chinoise qui comporte le plus de traits, 58 au total :
Je vous rassure, la plupart des caractères comporte 15 traits maximum !
Autant dire qu’avec plus de 5 000 caractères à connaître pour parler couramment, mieux vaut avoir une bonne mémoire ! Concernant leur prononciation, il faut là aussi la retenir et l’associer au caractère, sans aucune logique, pour être capable de reconnaître le caractère quand on le rencontre.
L’écriture traditionnelle et l’écriture simplifiée
D’autre part, l’une des difficultés des caractères vient du fait qu’il existe deux écritures : une écriture traditionnelle et une écriture simplifiée. Voici le mot signifiant “la Chine” en simplifié et traditionnel, seul le deuxième caractère change :
Les caractères traditionnels sont utilisés à Hong Kong, Macao et Taïwan et les caractères simplifiés sont utilisés en Chine continentale. Les deux écritures sont très différentes même si certains caractères restent les mêmes. Les caractères traditionnels comportent plus de traits que les caractères simplifiés, comme leur nom l’indique.
Cependant, il vaut mieux savoir au moins lire le traditionnel même si vous préférez écrire en simplifié. Si vous ne vous penchez que sur l’une des deux écritures, vous n’arriverez pas à lire l’autre. Cela demande donc encore plus de travail que de n’apprendre qu’une des deux écritures.
Faut-il choisir l’écriture traditionnelle ou simplifiée ? Cela dépend bien entendu de vos projets et de ce que vous préférez. Si vous voulez partir à Taïwan, Hong Kong ou Macao, mieux vaut connaître les caractères traditionnels. D’autre part, beaucoup d’apprenants du chinois préfèrent l’écriture traditionnelle car les caractères ont conservé tous les radicaux qui leur donnent du sens. Ainsi, même si les caractères traditionnels ont plus de traits que les simplifiés, ils peuvent être plus faciles à retenir et avoir plus de sens. Si vous souhaitez commencer le chinois mais que vous n’avez pas forcément de vues sur Taïwan, Hong Kong et Macao, je vous conseille d’apprendre à lire les caractères traditionnels et à écrire en simplifié. Mais vous ferez le choix qui vous plaira le plus !
La seconde difficulté du chinois se situe dans la prononciation, qui se divise en deux parties : le pinyin et les tons.
Difficulté n°2 : le pinyin
Le pinyin peut être un véritable appui en tant que débutant, mais il peut se révéler être une véritable faille dans l’apprentissage. En effet, cette transcription qui n’a pour but que d’aider les apprenants à savoir comment prononcer les caractères est très attrayante pour les francophones : c’est la seule chose qui relie le chinois au français de par notre habitude d’utiliser des lettres.
Ainsi, beaucoup d’étudiants en chinois se focalisent trop sur le pinyin et ne retiennent donc pas les caractères, voire les omettent totalement au profit du pinyin. C’est une grave erreur ! L’une des difficultés principales est de ne pas se laisser absorber par le pinyin mais d’apprendre les caractères dès le départ. Si vous commencez par ne regarder que le pinyin et que vous n’introduisez les caractères qu’après plusieurs semaines, vous ne pourrez pas les retenir.
J’ai enseigné le chinois à plusieurs personnes qui m’ont dit ne pas vouloir apprendre les caractères malgré mes conseils. Je ne pouvais pas les forcer à le faire, alors j’ai accepté leur demande de n’utiliser que le pinyin. Mais je voulais leur montrer que ça allait être beaucoup plus compliqué que ce qu’ils pensaient. Nous avons donc continué à apprendre des mots et j’ai fait exprès de leur faire apprendre des homophones : 店 (diàn), « magasin », et 电 (diàn), « électricité ». Il n’y avait donc aucun moyen de les différencier à l’oral et à l’écrit non plus avec le pinyin seul. Quand je leur ai demandé de me faire des phrases avec chacun des mots et qu’ils se sont rendu compte qu’ils se prononçaient EXACTEMENT de la même façon, ils m’ont demandé : “Mais comment je fais pour savoir lequel est lequel ?” Ils étaient paniqués et ne comprenaient pas comment faire. J’ai répondu que la seule façon de les différencier était les caractères et que s’ils les apprenaient, ce serait non seulement plus facile de retenir ces homophones, mais ce serait également plus simple de les différencier. À partir de ce jour-là, ils ont appris tous les caractères qu’on voyait pendant les cours.
Plus on avance dans l’apprentissage du chinois, plus il y a d’homophones et de mots qui se ressemblent. Si on n’a pas appris les caractères, lire un texte en caractère est impossible mais lire un texte en pinyin est également impossible. En effet, vous pourrez “dire” les caractères mais vous n’aurez aucune idée du sens, étant donné que vous ne comprendrez pas la structure de la phrase. Souvenez-vous du poème que l’on a vu plus haut !
Verdict : les caractères sont indispensables.
Avec le pinyin vient la prononciation. Elle peut être très problématique au départ car il faut réapprendre à prononcer différemment des lettres que l’on connaît. Cela est assez perturbant et vu qu’il faut apprendre la prononciation immédiatement pour pouvoir commencer à parler, cela représente un blocage courant chez les apprenants.
Généralement, la prononciation est apprise par cœur, ce qui est assez long car il y a non seulement les consonnes et les voyelles, mais aussi les diphtongues et d’autres sons avec plus de lettres. Certaines lettres se prononcent de la même manière qu’en français, mais ce n’est pas la majorité.
Au départ, il sera donc difficile de tout retenir par cœur et cela présentera un certain de niveau de difficulté, qui s’ajoutera à tout le reste. Déjà que le chinois peut être une langue intimidante, le fait qu’on ne puisse se raccrocher à rien qui nous soit familier complique encore plus les choses.
Difficulté n°3 : les tons
Les tons quant à eux sont probablement la plus grosse difficulté du chinois. Non seulement il est très dur de les différencier quand on les entend, mais nous ne sommes pas non plus entraînés à les prononcer en tant que francophones. Par conséquent, il faut arriver à bien les dissocier mais également à les enchaîner dans des phrases et cela se révèle être l’élément le plus technique en chinois. D’autant plus que les Chinois ne comprennent pas ce que vous dites si vous n’utilisez pas les bons tons.
Si vous vous dites que vous commencez le mandarin sans vous focaliser sur les tons et que vous verrez plus tard, vous ne saurez jamais vraiment parler chinois. L’acquisition des tons et la sensibilisation de l’oreille à ces sons se font sur le long terme, il vaut donc mieux commencer immédiatement.
Par ailleurs, si vous prononcez le chinois sans les tons, les Chinois ne comprendront absolument rien de ce que vous dites et vous feront répéter jusqu’à ce que vous employiez le bon ton, ou alors perdront patience et arrêteront de vous parler.
Par exemple, lorsque j’étais en Chine et que je prenais le taxi, je parlais souvent avec les chauffeurs pour m’entraîner. Je me souviens d’une fois où j’ai voulu répondre à sa question et lui dire que j’étais allée visiter la ville de Luoyang (洛阳 / Luòyáng). Je l’ai dit une première fois, il n’a pas compris et m’a demandé de répéter. J’ai répété le nom de la ville et il n’a toujours pas compris. J’ai répété plusieurs fois jusqu’à sortir mon téléphone pour vérifier les tons et m’apercevoir que je n’utilisais pas les bons tons. Lorsque je lui ai dit le nom avec les bons tons, il a dit : “Aaaaaaaaah ! 洛阳 Luòyáng !”. Il m’a fallu 10 minutes pour lui dire le nom d’une ville… Vous voyez pourquoi il est important de connaître les tons ?
Maîtriser les tons chinois, c’est montrer que vous savez parler et que vous avez un bon niveau. Si vous êtes face à un Chinois et que vous parlez en utilisant les mauvais tons, il vous classera directement dans la catégorie « ne sait pas parler correctement ».
Prononcer les tons correctement vous demandera un effort considérable, et c’est probablement le point sur lequel vous devrez le plus travailler pour atteindre un bon niveau en chinois. Il faut aussi être très vigilant sur le long terme car vous pouvez facilement oublier les caractères que vous étudiez et dont vous connaissiez les tons au début de votre parcours. Les révisions des mots connus sont donc très importantes pour vous permettre de maintenir votre niveau.
Apprendre le chinois facilement, c’est possible !
Vous vous en doutez, il y a des difficultés que vous rencontrerez en chinois, mais elles ne sont certainement pas insurmontables. La preuve, de nombreuses personnes n’ayant aucune origine chinoise parlent mandarin couramment.
Si vous êtes motivé(e) et prêt(e) à vous investir dans votre apprentissage, vous y arriverez. Et même si le chinois est connu comme l’une des langues les plus difficiles du monde, il existe des méthodes pour vous aider à l’apprendre plus facilement. Elles vous permettront de dédramatiser la langue et de retenir plus rapidement ce que vous apprendrez.
Par exemple, les caractères chinois ont l’air beaucoup plus complexes au premier abord qu’ils ne le sont vraiment ! En effet, il existe un nombre de traits défini qui composent tous les caractères. De plus, ils sont formés grâce à des radicaux qui ont eux aussi une forme « figée » qui s’écrit toujours de la même façon, quel que soit le caractère. Au bout d’un moment, les caractères sont tous composés d’éléments déjà connus et reconnus.
Pour la prononciation et le pinyin, un peu de pratique permettra de se mettre le pied à l’étrier et de commencer à retenir les premières lettres. Bien sûr, on ne vous demande pas de tout connaître au Jour 1 ! Petit à petit, vous arriverez à trouver la logique grâce à des moyens mnémotechniques notamment.
En ce qui concerne les tons, il existe des méthodes très précises pour les reconnaître dans un premier temps, les retenir pour chaque caractère et enfin les prononcer de la bonne façon. Ces techniques sont très efficaces et rendent l’apprentissage du chinois beaucoup plus intuitif.
Mes meilleurs outils et ressources pour débuter en chinois
Voici quelques ressources et outils qui vous aideront à commencer à apprendre le chinois.
L’application Peco
Tout d’abord, l’application mobile que j’utilise quotidiennement depuis 12 ans que j’ai commencé le chinois : Pleco. C’est un dictionnaire qui est très pratique et multifonctions. Vous pouvez vous en servir pour chercher un mot que vous ne connaissez pas encore et l’application vous donnera les caractères, le pinyin, la prononciation, des phrases de mise en contexte, la décomposition des caractères, l’ordre des traits, mais également les différents emplois du mot.
Si vous voyez un mot en caractères chinois que vous ne connaissez pas, vous ne pourrez pas connaître son pinyin. Sur Pleco, vous avez une fonctionnalité qui vous permet de dessiner le caractère pour trouver son pinyin et sa traduction. De plus, vous pouvez créer des flash cards sur l’application et faire des tests de connaissance.
Mon guide visuel en chinois
Ensuite, si vous n’avez jamais fait de chinois et que vous souhaitez vous initier à la prononciation de façon ludique, j’ai écrit un Guide visuel en chinois se basant sur des mots français pour prononcer les mots en chinois.
Cela permet d’avoir une première approche simple et de mieux retenir la prononciation. En deuxième partie du livre, vous trouverez également des phrases usuelles pour vous débrouiller avec le vocabulaire appris précédemment.
Le Bescherelle en chinois
Le Bescherelle en chinois est l’un de mes livres préférés pour la grammaire et la formation de la phrase. Il est très clair et permet d’apprendre facilement les différents points grâce à une jolie présentation. Pour moi, c’est le livre à avoir quand on fait du chinois.
Ma chaîne YouTube Faguoren 法国人 – La Chine et le chinois
Vous pouvez également aller voir ma chaîne YouTube Faguoren 法国人 – La Chine et le chinois sur laquelle je poste des vidéos pour apprendre le chinois en tant que débutant, ainsi que des astuces pour vous aider à apprendre la langue et à vous exprimer correctement et rapidement. Vous pourrez aussi y apprendre des points culturels qui sont indispensables pour parler la langue.
ChinesePod
Pour faire votre oreille, vous pouvez utiliser l’application ChinesePod qui proposent des podcasts très bien faits et classés par niveaux. En général, vous avez la transcription de ce que vous entendez en caractères et en pinyin, ainsi que le vocabulaire à retenir.
Dictionnaire visuel
Je vous recommande d’utiliser un dictionnaire visuel en chinois pour mieux retenir les mots que vous apprenez et étudier du vocabulaire varié sur un même thème. Grâce aux images, vous mémoriserez les caractères plus facilement et vous les réutiliserez fréquemment.
Chineasy
Enfin, un livre qui vous aidera beaucoup à comprendre et retenir les caractères est le livre Chineasy. Il met en scène les caractères pour vous permettre de voir quelle est leur signification initiale et comment ils ont été créés.
Pourquoi apprendre le chinois ?
Le chinois est une langue éloignée de ce dont nous avons l’habitude, mais c’est ce qui la rend fascinante. C’est également une vraie fierté de la maîtriser et de pouvoir échanger avec les Chinois. Se donner du mal pour retenir l’écriture, la prononciation et les tons vous ouvrira les portes d’un nouvel univers et vous découvrirez une culture et des personnes uniques. Ce sera forcément une expérience très enrichissante pour vous.
La Chine est un pays magnifique et j’ai eu la chance de visiter différentes provinces qui m’ont beaucoup plu. Par exemple, j’ai fait une randonnée dans le Yunnan jusqu’aux Gorges du Saut du Tigre en traversant de petits villages accessibles seulement à pied :
Je me suis rendue en Mongolie Intérieure pour vivre l’expérience des locaux qui élèvent des moutons et vivent dans les steppes. J’ai pu dormir dans une yourte traditionnelle et manger les spécialités locales :
J’ai visité la réserve naturelle de la vallée de Jiuzhaigou (九寨沟) qui offre des paysages spectaculaires :
Ce que je retiens de ces voyages, c’est la diversité des provinces et de leurs cultures. Je n’aurais jamais pu faire tout ça sans parler chinois. Quand j’étais en Mongolie, je me suis perdue et j’ai du demander de l’aide aux locaux. C’est une histoire assez drôle à raconter mais sur le moment, je peux vous dire que c’était plutôt stressant. Heureusement que les Chinois sont très accueillants ! Ils cherchent toujours à vous aider et sont très chaleureux. J’ai partagé des moments inoubliables avec une famille chinoise qui m’avait accueillie pour m’apprendre à plier des raviolis chinois :
L’un des points que j’ai beaucoup aimé en Chine est que la musique est omniprésente. Les Chinois aiment beaucoup chanter dans les karaokés ou dans les parcs, jouer d’un instrument de musique ou danser sur un air de musique. C’est très agréable et joyeux de se promener dans les rues et les parcs grâce à cette ambiance musicale.
Par ailleurs, le chinois est en train de devenir une langue incontournable dans le monde des affaires ! Apprendre le chinois est un réel avantage lorsque vous avez des clients ou des fournisseurs qui viennent de Chine. Ils seront touchés par le fait que vous essayiez de mieux les comprendre et que vous ayez fait l’effort d’apprendre leur langue. Vous serez donc plus proche d’eux et aurez plus de chance de conclure vos négociations d’une manière positive. Cela vous permettra également de les accueillir au mieux et de connaître toutes les choses à faire et à ne pas faire face à eux.
Et tout ça commence par l’apprentissage du chinois. Attention, une fois que vous commencez, vous ne pourrez plus vous arrêter !
Les prochaines étapes sont donc : l’apprentissage de la prononciation, du pinyin, des caractères et des tons. Une fois que cela sera acquis, vous aurez une bonne base pour poursuivre votre apprentissage. Je vous souhaite bonne chance et bon courage, 加油 (jiā yóu), qui signifie littéralement “ajoute de l’huile” ! Et je me ferai une joie de vous accompagner dans ce processus.
Ne vous inquiétez pas, apprendre le chinois est un véritable bonheur car la langue et la culture sont passionnantes et nous permettent de nous ouvrir un peu plus au monde. Vous n’avez pas besoin d’avoir une mémoire d’éléphant ou d’être « bon en langues », il vous suffit d’être MOTIVÉ(E) !
Je ne le dirai jamais assez mais en chinois, aimer la langue est primordial et avec de la persévérance, vous n’aurez aucun mal à parler mandarin ! Alors vous êtes décidé(e) à apprendre le chinois ? Continuez la lecture de cet article car cela devrait vous intéresser…
A venir : la méthode pour parler chinois dans les 6 mois
Pierre et moi préparons un projet inédit pour vous accompagner, avec un objectif ambitieux : vous permettre de parler chinois en 6 mois. Nous sommes en train de réunir nos meilleures méthodes et nos expertises pour vous apporter tout ce dont vous aurez besoin pour être en mesure de vous exprimer en chinois rapidement.
Ce projet est unique et vous ne le trouverez nulle part ailleurs : nous avons décidé de travailler ensemble pour créer un programme axé sur la pratique de la langue et non sur la théorie, ce qui vous permettra de communiquer avec des Chinois dès les premières semaines du programme.
Nous vous proposerons ainsi un accompagnement quotidien avec des exercices variés et un accès à de nombreuses ressources audio pour pouvoir atteindre votre objectif. Inscrivez-vous ici pour être tenu(e) au courant des avancées et même participer à l’élaboration du programme en communiquant avec nous.
Et ce n’est pas tout…
En vous inscrivant, vous recevrez une mini-formation gratuite de 40 minutes pour prononcer les tons comme les Chinois. À l’intérieur, vous découvrirez 11 méthodes simples et efficaces pour différencier les tons. Cliquez ici pour démarrer tout de suite :
C’est une présentation qui donne très très envie d’apprendre le chinois. Mais je n’aurai jamais l’occasion d’aller en Chine. Malgré tout, ce n ‘est pas une perte de temps de lire tout l’article. Les Chinois gagnent très certainement à être connus. Vu les particularités de leur langue et de son écriture, ils ne doivent manquer d’humour. Je souhaite beaucoup de courage et de chance à ceux et celles qui se lanceront dans ce défi.
Merci à toi !
Un énorme bravo pour le travail réalisé sur ce dossier ! Beaucoup d’informations et un bon tour d’horizon bien organisé et clair pour les débutants dans cette langue ! Bonne continuations à vous deux et bonne chance pour votre projet !
Matthieu – रुक्मल – P
|Auteur du site langues d’ailleurs
Langues d’Ailleurs का लेखक |
Merci !
Comme si bien dit dans l’article, la clef pour apprendre une langue et encore plus pour apprendre une langue asiatique comme le chinois c’est l’intérêt pour celle-ci. Malgré la réputation d’être difficile, arrivé en Chine en 2009 jusqu’à maintenant (11 ans déjà… ça me rajeunit pas), on s’aperçoit que le Chinois n’est pas si difficile avec une bonne méthode. Je pense que Joy est une excellente guide, on s’est d’ailleurs rencontré à Shanghai il y a quelques années. Joy, content de voir que ta chaîne avance bien et que de beaux projets sont sur la route!
Et effectivement dans le monde des affaires, le Chinois est un avantage, mais pas seulement. Il y a quelques mois j’étais en déplacement à Budapest et impossible de me situer ni de parler aux locaux qui ne parlait pas anglais. Deux étudiants chinois passaient par là, en parlant avec eux ils m’ont indiqué le métro à prendre et comment utiliser une application locale sur mon téléphone. Le Chinois m’a été plus utile que l’anglais alors que j’étais en plein cœur de l’Europe!
Merci Joy cet article est vraiment complet et regorge de brillantes analyses vraiment bien vulgarisées.
J'avais tenté le Mandarin il y a 3 ans et en lisant ces lignes ça m'a ouvert les yeux sur une logique que je n'avais pas découvert.
C’est pas se que je cherchai.
Ne mélangez pas le chinois traditionnel (TW) et celui simplifié (CN), ils ne sont pas tout à fait la même façon en expression et en prononciation.