Voici un article un peu léger à l’approche des fêtes de Noël, qui restera donc parfaitement digeste entre la dinde, le foie gras et la bûche. Nous y aborderons quelques comportements liés à la pratique des langues étrangères qui, bien que contre-productifs ou désagréables pour autrui, restent très répandus.
Ce sera bien sûr une bonne occasion d’en rire, ou bien de réfléchir à nos habitudes et d’effectuer notre propre autocritique !
Communiquer sans savoir-vivre
S’accrocher au français… même quand personne ne le comprend !
Cela pourrait sembler évident, sur un site où il est question de langues étrangères. Pourtant, j’assiste régulièrement à la situation suivante : deux personnes ne parlent pas de langue commune et n’ont donc pas la possibilité de se comprendre. Si l’une d’elles est francophone, vous pouvez être sûr qu’elle essaiera de communiquer en français, en ar-ti-cu-lant bien pour être plus facilement comprise. Problème, vous aurez beau parler le plus lentement du monde, si la personne que vous avez en face de vous ne parle pas français, elle vous regardera au mieux avec des yeux ronds et un sourire gêné. J’ai déjà vu une vieille dame française faire peur à une petite fille hongroise en insistant pour lui poser des questions en français : pas vraiment la meilleure manière d’établir un contact.
Cette pratique peut en revanche être utile si la communication n’est pas possible autrement. En accompagnant votre discours de gestes, en mimant les situations que vous évoquez, vous arriverez tout de même à faire passer un certain nombre d’idées.
Je pars également du principe que si vous visitez ce blog, vous ne faites pas partie de ces horribles touristes bien de chez nous qui refusent catégoriquement de parler autre chose que le français lorsqu’ils se trouvent à l’étranger. S’il vous plaît, ne me faites pas de frayeur…
Variante : parler anglais à tout bout de champ
L’anglais a cela de pratique qu’il est utilisable en de nombreux endroits. En voyage, il se révèle précieux dans les pays dont on ne maîtrise pas la langue. Pour autant, à moins de vous trouver dans un pays anglophone, faites toujours l’effort de « montrer patte blanche » en annonçant que vous allez parler anglais, par exemple en posant la question suivante, toute simple : « do you speak English? ».
De cette manière, votre interlocuteur ne sera pas pris au dépourvu et aura le temps d’être à l’aise avec l’idée de communiquer en anglais. S’il n’en est pas capable, il vous le fera savoir et cela vous évitera d’entrée de jeu de le mettre mal à l’aise.
Si en plus vous faites l’effort d’ajouter quelques mots dans la langue (« bonjour », « s’il vous plaît »…), vous ne passerez plus pour un touriste mal élevé, mais comme une personne soucieuse des autres et cherchant simplement à établir un dialogue.
Trop de personnes, surtout en vacances, ont tendance à oublier qu’elles visitent non pas une sorte de « parc d’attraction mondialisé », mais un endroit réel où tout le monde ne parle pas forcément l’anglais.
Saboter son étude des langues
Le mythe de l’apprentissage passif
Je vois souvent revenir cette idée complètement incongrue sur Internet : pour apprendre une langue, il suffirait de s’y immerger à grand renfort de séries télé, émissions radio et chansons, le tout sans fournir d’effort particulier. J’ai même entendu plusieurs fois dans mon entourage la phrase suivante : « j’ai appris l’anglais en regardant des séries ». Tout cela semble trop beau pour être vrai, n’est-ce pas ?
Malheureusement, au risque de jouer les rabat-joie, apprendre une langue de manière totalement passive n’est tout simplement pas possible. Vous aurez beau regarder plusieurs saisons d’une série dans une langue inconnue, vous ne ferez pas, ou alors très peu de progrès. Tout au plus serez-vous à même de repérer quelques mots fréquents et d’identifier des structures sémantiques, mais vous ne serez pas pour autant capable de vous exprimer.
En effet, apprendre une langue est une activité active, qui ne peut se faire en écoutant la radio d’une oreille distraite. Il vous faudra faire attention à ce que vous entendez, travailler la grammaire, le vocabulaire, l’écrit, l’oral.
Les personnes disant avoir appris l’anglais avec les séries avaient en fait des bases acquises à l’école, le fait d’entendre la langue les a simplement aidés à mieux la comprendre, enrichir leur vocabulaire et leur prononciation.
Prenez par exemple ce que fait la méthode Assimil dans la phase dite « passive » de l’apprentissage : certes, vous aurez à écouter des dialogues, mais il vous faudra aussi faire des exercices et un peu de grammaire à chaque leçon, donc être actif. Comme quoi…
Apprendre une langue dans les livres
Une (bonne) méthode de langues constitue un excellent moyen de débuter un apprentissage : elle forme un point de départ motivant, offre des bases qui permettent de commencer à communiquer et forme un cadre de travail pour progresser jour après jour.
Cependant, il ne faut pas se voiler la face, même lorsqu’elles sont bien faites et remplies d’humour, les méthodes peuvent devenir rapidement ennuyeuses, à cause de la routine et du travail solitaire qu’elles imposent. Dans ces conditions, vous risquez de vous lasser et d’abandonner progressivement l’étude de la langue, surtout si la méthode constituait votre unique support d’étude.
Pour cette raison, je recommande d’utiliser une méthode dans un premier temps pour ne pas se sentir perdu, puis de diversifier aussi vite que possible les supports d’apprentissage : livre de grammaire, vocabulaire en autonomie, conversation avec des locuteurs… L’idéal reste bien sûr de partir rapidement dans le pays, si vous en avez la possibilité.
Le problème avec le fait d’apprendre uniquement avec une méthode, c’est que cela ne crée pas d’attachement émotionnel avec la langue, ni de motivation concrète à travailler régulièrement. Posez-vous la question suivante : qu’est-ce qui vous motive le plus, en fin de compte ? Faire vos devoirs, ou voyager et faire des rencontres ? Je pense que la réponse va de soi !
Que ce soit autour de nous, ou au cours de notre apprentissage, nous avons tous l’occasion de voir ou de développer des comportements qui nous empêchent de nous épanouir face aux langues étrangères. La bonne nouvelle, c’est qu’ils ne sont rien une fatalité, même s’ils agacent.
Si vous avez des anecdotes à raconter, n’hésitez surtout pas à les partager en commentaire !
Crédit photo : DWRose, Vladimir Agafonkin.