Après des années passées à m’interroger sur l’apprentissage des langues étrangères, une observation s’est imposée à moi : si autant de personnes échouent dans leur projet, ce n’est pas vraiment à cause des difficultés spécifiques à chaque langue. La véritable raison de ces échecs est tout simplement l’inaction. Cet obstacle est d’autant plus dangereux qu’il passe inaperçu : nous inventons sans cesse des excuses pour le camoufler et garder bonne conscience. Petit florilège de ces bonnes excuses, appliquées aux langues étrangères.
Bonnes excuses ou problème de fond ?
Le propre d’une excuse est de dissimuler un problème plus profond, que l’on cache aux autres et surtout à soi-même. En décortiquant ces prétextes, j’entends faire émerger les difficultés réelles que vous rencontrez, parfois sans même vous en rendre compte. Vous pourrez donc y voir plus clair dans votre situation et il vous sera plus facile de résoudre vos problèmes.
Vous remarquerez que de nombreuses excuses proviennent finalement d’un nombre limité de problèmes : un manque de confiance en vos capacités, une méconnaissance des techniques d’apprentissage ou encore une croyance en certains mythes sur les langues étrangères.
Les 10 excuses qui vous empêchent de commencer à apprendre une langue
« Je suis nul en langues »
Le vrai problème : un manque de confiance en soi dû à de mauvaises expériences passées.
Cette phrase, vous la connaissez bien, c’est un peu la raison d’être de ce blog. Le parcours type du « nul en langues » consiste en sept années de scolarité passées à subir les langues étrangères plus qu’à les apprendre, pour ne quasiment rien en retenir, si ce n’est la conviction que cette discipline n’est pas faite pour lui.
Personne n’est nul en langues. Même pas vous. Vous aurez beau m’opposer tous les arguments qui vous viennent à l’esprit, vous ne me ferez pas changer d’avis sur la question. Après tout, vous avez bien appris le français, je me trompe ? Dans ce cas, félicitations, je vous annonce que vous avez en vous la capacité d’apprendre n’importe quelle langue étrangère.
« Je n’ai pas le don des langues »
Le vrai problème : peu d’expérience dans l’apprentissage.
Beaucoup semblent croire que pour apprendre une langue étrangère, il faut forcément faire preuve d’un génie inné en la matière. L’absurdité de ce raisonnement est facilement mise en évidence si on le transpose dans un autre domaine. Par exemple, faudrait-il être Mozart pour apprendre à jouer d’un instrument ?
Il existe effectivement des personnes plus douées que d’autres, mais, au bout du compte, elles doivent moins leurs compétences à un talent particulier qu’à des années, voire des décennies de travail. De nombreux polyglottes avouent même n’avoir jamais brillé à l’école et que le déclic leur est venu sur le tard.
Pour finir, est-il nécessaire de rappeler encore que le fait d’être Français ne constitue en rien un obstacle à l’apprentissage des langues étrangères ?
« Je suis trop vieux pour apprendre les langues »
Le vrai problème : un manque de confiance en soi et la croyance une idée reçue.
Il n’y a pas d’âge pour apprendre les langues. Dans ce domaine, les adultes sont me semblent même avantagés par rapport aux enfants. Vous avez acquis un minimum de discipline, des méthodes de travail, la compréhension de concepts qui sont étrangers à un enfant en bas âge. Souvenez-vous des années qu’il vous a fallu pour maîtriser votre langue maternelle : il vous en faudra beaucoup moins pour apprendre la langue de votre choix.
Quel que soit votre âge, il n’est jamais trop tard pour se lancer dans l’aventure. Je connais même des sexagénaires qui continuent d’apprendre des langues étrangères et ils se portent très bien.
« Je n’ai pas le temps »
Le vrai problème : une mauvaise gestion de votre temps.
A moins de vivre de vos rentes, vous avez sans doute un quotidien chargé, qui ne vous laisse guère de temps à consacrer à des activités annexes. Certes, des centaines d’heures sont nécessaires pour maîtriser une langue étrangère mais, au jour le jour, cet investissement peut être réduit au minimum. Il vous suffit pour cela de bien gérer votre temps.
Sauf si vous êtes réellement passionné, je pars du principe que 30 minutes par jour suffisent amplement pour progresser. En travaillant plus, vous risquez de finir par trouver votre programme trop contraignant et de vous lasser rapidement. En d’autres termes, révisez régulièrement, par petites sessions en vous efforçant de rester concentré.
Une demi-heure par jour, cela représente 15 h par mois et plus de 180 h par an. C’est amplement suffisant pour atteindre un niveau très respectable. Si cela vous paraît peu, gardez à l’esprit que les techniques que je donne sur le blog permettent d’être très efficace et d’utiliser au mieux ce temps.
Il est également possible de s’adonner à toutes sortes d’activités en rapport avec la langue que vous apprenez et qui demandent peu de temps. Par exemple, pendant que vous attendez le bus, pourquoi ne pas lire un livre, écouter une chanson ou réviser sur une application ?
Et si jamais vous vivez vraiment de vos rentes, n’hésitez pas à me faire parvenir un chèque.
« Je n’arrive pas à m’organiser et rester motivé »
Le vrai problème : un manque de discipline et une méconnaissance des techniques d’organisation.
C’est un problème que j’ai longtemps rencontré et qui m’a littéralement empêche d’apprendre certaines langues, comme le japonais. Si intégrer un projet d’apprentissage à son quotidien est déjà difficile, garder sa motivation pendant de longs mois l’est encore plus !
En vous fixant des objectifs réalistes et en envisageant votre projet comme un défi motivant, vous serez en mesure d’apprendre une langue pendant des années, efficacement et en y prenant toujours plaisir. Veillez à toujours donner du sens à ce que vous faites : vous n’apprenez pas une langue juste pour absorber des informations, mais pour réaliser des actions concrètes : parler avec des gens, lire des livres, regarder des films en VO, etc. Intégrez donc ces divertissements à votre programme dès le début de votre apprentissage.
Avec un peu d’expérience et d’organisation, il est même possible d’apprendre plusieurs langues à la fois !
« Je m’y mettrai plus tard »
Le vrai problème : la procrastination, tout simplement !
Nous attendons toujours le « meilleur moment » pour nous lancer dans un projet. Bien souvent, ce meilleur moment n’arrive jamais. Certes, il est indéniable que certaines périodes ne se prêtent pas forcément au démarrage d’un nouveau projet, comme la préparation à un examen ou un déménagement.
Cependant, en repoussant toujours l’échéance, vous cédez tout simplement à la procrastination. N’attendez pas un moment idéal qui ne viendra sans doute jamais et passez le plus vite possible à l’action.
« Je ne sais pas par où commencer »
Le vrai problème : une méconnaissance des techniques d’apprentissage.
Difficile de savoir par où commencer quand on est néophyte. Après tout, apprendre une langue, qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Que faut-il faire ?
Si ces questionnements sont légitimes, les cours et méthodes de langue existent justement pour y répondre. Evidemment, tous ne méritent pas votre attention, mais en vous renseignant un peu, vous trouverez forcément l’offre (payante ou gratuite) qui vous correspond. Ces supports pédagogiques ont l’avantage d’être structurés et de vous accompagner pas à pas dans votre apprentissage.
Pour vous aider à débuter l’étude d’une langue, une section entière du site est consacrée à cette thématique, avec les grands principes à connaître en priorité.
« Je n’ai personne avec qui pratiquer la langue »
Le vrai problème : un isolement que l’on ne sait pas comment rompre, par manque d’information.
Tout le monde n’a pas la chance d’être entouré de polyglottes et de connaître des locuteurs natifs d’une langue. Pour autant, cet obstacle ne devrait pas être un prétexte à l’inaction. Grâce à Internet, il est facile de rencontrer des partenaires linguistiques pour organiser des tandems de discussion, que ce soit près de chez vous ou par webcams interposées.
Beaucoup d’apprenants ne vont pas au bout de cette démarche pourtant très simple, tout simplement parce qu’ils n’osent pas le faire. Dites-vous simplement que de nombreux étrangers recherchent des sessions de conversation en français et qu’ils seraient ravis d’enseigner leur langue en retour. Sauf si vraiment vous vous adressez aux mauvaises personnes, vous avez peu de chances d’essuyer un refus.
« Ça coûte trop cher »
Le vrai problème : peu d’information sur le vrai coût de l’apprentissage d’une langue.
Si, d’un côté, certaines entreprises peinent à justifier le prix de leurs formations, de l’autre, il est théoriquement possible d’apprendre une langue sans débourser un seul centime. Ce n’est pas forcément l’option que je recommanderais en priorité, mais je n’ai jamais eu à investir des fortunes dans mes différents projets. Le coût d’une formation en langue peut être relativement bas, si vous savez où chercher et n’achetez que ce dont vous avez réellement besoin.
« Cette langue est trop difficile pour moi »
Le vrai problème : un manque de confiance en soi et la croyance en certains mythes.
J’ai déjà abordé ce point dans un précédent article : il n’y a pas de langues faciles ou difficiles, seulement des langues qui vous paraîtront faciles ou difficiles. Cette nuance établie, je maintiens que même les points les plus complexes n’auront que peu d’importance si vous avez une excellente motivation et que vous maintenez une bulle d’immersion linguistique autour de vous. A l’inverse, même une langue jugée très simple vous échappera complètement si vous ne remplissez pas ces conditions.
Fini les excuses, apprenez enfin la langue dont vous avez envie
Si vous désirez vraiment commencer à apprendre une langue étrangère, cessez donc de vous poser autant de questions et faites-le. Sinon, vous ne ferez que vous priver des bénéfices qu’apporte un tel projet et vous le regretterez tôt ou tard.
Pour partir du bon pied, je vous invite à télécharger le guide que j’ai écrit sur le sujet via le formulaire ci-dessous. Vous y trouverez toutes les informations dont vous avez besoin pour progresser rapidement dans la langue que vous désirez apprendre. Bon courage !
Sources des images : Japanexperterna.se, Xavier Buaillon, Jørgen Schyberg.
Bonjour Pierre,
Merci pour cet article. Je souhaitais rebondir sur l’excuse « je suis trop vieux ». Je pense que le lieu commun « plus on est jeune mieux on apprend » est complètement faux. On le voit bien : les enfants mettent beaucoup plus de temps à comprendre et à retenir des éléments que les adultes. La différence est que, dans notre société, l’enfance est ENTIÈREMENT consacrée à l’apprentissage. Du matin au soir l’enfant apprend, alors que l’adulte, travail, fait les courses etc… En plus, de part sa jeunesse, l’enfant est confronté à des choses nouvelles tout le temps, il doit donc les apprendre aussi vite qu’elles se présentent.
Donc, oui oui on peut apprendre les langues étrangères à 60 ans, et pas que, on peut TOUT apprendre à 60 ans. Le problème c’est que beaucoup de personnes se bercent avec l’idée qu’ils sont « trop vieux » et donc forcément s’emmurent dans le je « n’y arrive pas ».
Voilà, c’est un peu le problème du « monde des adultes » : on sort de l’école, donc on arrête d’apprendre. C’est même un raisonnement assez néfaste : avec l’instabilité du marché du travail, il vaut mieux continuer à se former en permanence si on ne veut pas se retrouver sur la touche passé un certain âge.
Ce sont des excuses parmi d’autres que j’entends depuis 15 ans, depuis le début de ma carrière de formateur. Le gros problème est que les gens qui y croient dur comme fer, comme la plupart des gens de mauvaise foi, trouvent toujours de bons arguments pour les défendre, en général tout aussi bidons que les excuses elles mêmes mais jamais de leur point de vue d’où ils ne bougent pas. Une autre à laquelle j’ai eu droit récemment est: « Ben oui, je ne suis pas une bonne élève. » Il y en a plein qui au premier obstacle se jettent sur: « J’suis pas doué(e) ». En fait, pour beaucoup, ces excuses bidons veulent dire: « Je suis fainéant et ça me saoule de travailler un peu tous les jours. Vous êtes sensé être un formateur compétent. Débrouillez vous pour que l’anglais s’apprenne tout seul en moi. J’ai payé, je n’ai pas à fournir d’effort. » Je vous jure que je n’exagère pas. Ce que je leur dis, et ce que je peux ajouter à cet excellent article est ceci: « Si c’était possible d’apprendre une langue rapidement et facilement et sans effort tout à la fois, alors tout le monde parlerait anglais maintenant. »
Merci Rupert, tes avis d’expert sont toujours aussi précieux.
Bonjour Rupert,
Je comprends ta frustration ! C’est vrai qu beaucoup ont tendance à oublié que les choses (que ce soit l’anglais, des abdos ou une pression sanguine parfaite) ne s’acquiert pas sans faire les actions qui mènent à ce résultat.
Je travaille sur la commercialisation d’une méthode d’apprentissage des langues étrangères innovantes. Avec mon associé nous vantons évidemment les atouts de cette méthode. Mais nous nous sommes vite rendus compte que les gens pensaient que parce que notre méthode utilisait, l’hypnose, la focalisation sur un certain vocabulaire etc ils n’auraient pas d’effort à fournir. Comme si les méthodologies que nous apportions allaient comme par magie mettre l’anglais dans leur tête.
Alors en ce moment même nous réfléchissons un à nouvel angle de communication ou nous insistons sur le fait que il y a des effort à faire ! mais autant les faire le plus efficacement possible !
Bonjour Johanna,
Si ta nouvelle méthode est disponible pour d’autres langues que l’anglais, ça m’intéresserait de savoir quand elle sort. Je pratique moi même plusieurs langues étrangères en dehors de mon travail (comme tout formateur langue devrait faire) et je suis toujours à la recherche de nouvelles méthodes intéressantes.
Merci beaucoup pour le sujet , il était très utile . Mais avec tous ces obstacles quels sont les meilleurs solutions de la phénomène??